Peut-on effacer le passé tout en réinventant l’avenir ? C’est la question que soulève le nouveau projet de Billy Evans, le compagnon d’Elizabeth Holmes, tristement célèbre fondatrice de Theranos. Tandis que Holmes purge sa peine pour escroquerie, Evans lance une startup baptisée Haemanthus, ambitionnant d’optimiser la santé grâce à des tests sanguins révolutionnaires. Mais comment ne pas penser à Theranos, dont la promesse très similaire a plongé la Silicon Valley dans le doute ?
Selon une récente enquête du New York Times, plusieurs investisseurs ont déjà été approchés par Haemanthus. Parmi eux, certains n’ont pu s’empêcher de remarquer la ressemblance troublante entre le discours marketing de cette jeune pousse et celui, jadis, de Theranos. Que penser de cette technologie laser censée analyser le sang, la salive et l’urine pour détecter cancers et infections ? Peut-on encore croire à la promesse d’une révolution médicale menée (une fois de plus) en dehors des circuits traditionnels ?
La prudence des investisseurs est palpable, notamment du côté de Jim Breyer, un ancien parieur de Facebook, qui a déclaré au Times avoir refusé de financer le projet Evans, invoquant des raisons similaires à celles qui l’avaient conduit à décliner… Theranos. Les promoteurs de Haemanthus promettent toutefois de commencer par la santé animale avant de s’attaquer aux humains et visent déjà à lever plus de 50 millions de dollars. Cette fois, où sont les garde-fous pour éviter un nouveau scandale ?
Encore une startup promettant de révolutionner les tests sanguins, mais le spectre du scandale Theranos plane à chaque étape.
L’idée d’utiliser une nouvelle technologie — les lasers — plutôt que les méthodes traditionnelles, réussira-t-elle là où l’empire déchu de Holmes a échoué ? À l’heure où la méfiance règne dans les cercles des investisseurs, comment Haemanthus compte-t-elle gagner la confiance du public aussi bien que celle de la communauté médicale ? Pourquoi commencer par les animaux et non l’humain — un signal prudent ou une stratégie pour échapper à la régulation ?
Il est important de rappeler ce qui a conduit Theranos à sa chute : l’absence de preuves scientifiques solides, le secret généralisé et des failles dans la validation médicale. Les promesses de rendre la santé accessible à tous ont-elles encore un sens lorsque les échecs passés n’ont pas été digérés ?
Billy Evans, qui partage deux enfants avec Holmes, semble marcher dans les traces de sa compagne, entre ambition et passé sulfureux. Alors que Holmes, depuis sa cellule, réaffirme sa volonté de « rendre les solutions de santé accessibles à tous », Evans parviendra-t-il à dissiper les doutes persistants autour de l’éthique et de la viabilité technique du projet Haemanthus ?
La question demeure : dans la Silicon Valley, l’innovation justifie-t-elle toujours le risque, ou la saga Theranos a-t-elle définitivement vacciné le monde de la tech contre les promesses trop belles pour être vraies ?
Source : Techcrunch