Quel acteur discret se cache derrière un tiers des applications mobiles par abonnement lancées aujourd’hui ? Depuis quelques mois, RevenueCat occupe une position stratégique dans la sphère du mobile, mais pourquoi son nom reste-t-il largement méconnu du grand public alors que plus de 70 000 apps basculent leur gestion d’abonnement sur sa technologie ? Est-il le partenaire silencieux qui va façonner le futur du secteur… ou un simple facilitateur technique ?
L’après-affaire Apple-Epic bouleverse l’économie de l’App Store et redistribue les cartes pour des sociétés comme RevenueCat. Apple autorise désormais explicitement les développeurs à promouvoir des moyens de paiement alternatifs en dehors de sa plateforme. RevenueCat a-t-il flairé un virage décisif du marché, ou profite-t-il de la confusion ambiante pour s’immiscer plus profondément entre développeurs et géants du mobile ?
Pour alimenter ses ambitions, RevenueCat vient de lever 50 millions de dollars, portant à 100 millions le total de ses levées. Désormais valorisée à 500 millions, l’entreprise vise-t-elle simplement une croissance explosive ou cherche-t-elle une nouvelle frontière dans la monétisation des applications mobiles ? Pourquoi des investisseurs de poids, comme Bain Capital Ventures et Index Ventures, misent-ils autant sur ce business “invisible” ?
RevenueCat se transforme pour anticiper et résoudre les nouveaux défis inattendus du mobile, au-delà de la simple gestion de l’abonnement.
Mais les promesses affichées par le CEO Jacob Eiting ne font-elles pas écho aux grandes plateformes de la tech qui se sont étendues bien au-delà de leur mission initiale ? Résoudre la question du paiement ne suffirait plus : entre acquisition de clients, crédits pour les apps à court de trésorerie, et outils “no-code” de création de paywalls, RevenueCat affiche une ambition qui s’apparente à celle d’un Shopify ayant réussi sa mue. Est-ce la naissance d’un géant de l’infrastructure mobile ou la diversification de trop ?
Le verdict Apple-Epic a relancé le débat sur la nature même de la “taxe Apple”. RevenueCat veut s’appuyer sur ses propres essais, à travers le rachat d’une appli de livres audio, pour mesurer l’intérêt réel de la désintermédiation. Les chiffres donneront-ils raison à Apple, ou inaugureront-ils une nouvelle ère, où chaque développeur pourra monétiser sans craindre fraude et chargebacks ? La bataille se joue désormais sur la pertinence des données… et RevenueCat semble en première ligne pour arbitrer ce duel.
Fait intéressant, RevenueCat ne se contente pas d’être l’épine dorsale de la gestion de paiement de milliers d’apps, il façonne aussi un nouveau terrain de jeu pour les applications “vibe-coded”, nées de l’essor de l’IA. Comment travailler avec ces acteurs qui développent sans coder grâce à l’intelligence artificielle ? Cette révolution de la production logicielle va-t-elle bouleverser l’équilibre même du secteur, au bénéfice de ceux qui sauront offrir des outils simples, puissants et interopérables ?
Alors que RevenueCat déploie ses nouvelles ressources pour consolider ses équipes et accélérer sa croissance – y compris par d’éventuelles acquisitions –, la question demeure : la marque restera-t-elle toujours l’ombre discrète derrière la réussite de milliers d’applications, ou s’imposera-t-elle comme le nouveau visage incontournable de l’économie mobile ? En définitive, à qui appartiendra l’avenir du paiement et de la monétisation sur mobile ?
Source : Techcrunch