Comment se fait-il qu’un algorithme mondialement utilisé puisse semer un tel chaos sur les routes d’un des pays les plus organisés d’Europe ? Cette semaine, l’Allemagne s’est retrouvée prise de court lorsqu’une défaillance de Google Maps a signalé à tort la fermeture de nombreuses autoroutes, plongeant des milliers de conducteurs dans la confusion pendant une période de pointe. Mais comment une telle erreur a-t-elle pu passer inaperçue jusqu’à ce point de rupture ?
D’après The Guardian, les utilisateurs de Google Maps apercevaient une constellation de points rouges, synonyme de routes barrées, dans et autour de grandes métropoles comme Berlin, Düsseldorf et Dortmund. De quoi semer la panique et forcer de nombreux automobilistes à chercher des itinéraires alternatifs, causant ainsi des embouteillages monstres. Pourquoi donc, alors que la technologie devait fluidifier nos déplacements, se retourne-t-elle contre nous au pire moment ?
La situation s’est aggravée à cause du timing : cette erreur massive est tombée en plein début du long week-end de l’Ascension. Les routes, déjà sous tension, ont été transformées en un cauchemar logistique. Les autorités locales et la police ont été submergées d’appels de citoyens décontenancés, la faute à une défaillance digitale d’une ampleur rare. Cet incident soulève forcément une question : à quel point sommes-nous devenus dépendants – voire vulnérables – aux prédictions d’une application ?
Une simple erreur algorithme peut-elle vraiment paralyser tout un pays en quelques heures à peine ?
Ce bug impressionnant n’a toutefois duré que quelques heures, Google ayant rapidement corrigé l’affichage pour ne retenir que les réelles fermetures. Mais le mystère persiste : s’agit-il d’une simple défaillance technique, ou y a-t-il eu une manipulation externe ? Selon un porte-parole de Google interrogé par la Berliner Morgenpost, le service s’appuie sur “une combinaison de fournisseurs tiers, de sources publiques et de retours utilisateurs” pour construire ses données cartographiques. Faut-il revoir la fiabilité de ces sources ?
Cet épisode n’est malheureusement pas isolé chez Google Maps. En mars, certains usagers avaient déjà été victimes de la disparition pure et simple de leur historique de déplacements, perte que le géant californien a finalement reconnue, sans pour autant pouvoir garantir la récupération de ces précieuses données. Notre dépendance à ces outils présente-t-elle un risque auquel personne n’est vraiment préparé ?
En s’en remettant aveuglément aux outils de navigation numériques, les citoyens européens découvrent parfois, à leurs dépens, que la technologie n’est ni infaillible, ni toujours transparente quant à l’origine de ses informations. L’incident survenu en Allemagne remet sur la table l’épineux débat de la confiance placée dans les mains de géants technologiques, capables de déterminer le flux – ou l’arrêt – de nos vies urbaines.
Face à un bug qui aurait pu coûter bien plus cher lors d’une situation d’urgence, doit-on redoubler de prudence avant de confier nos trajets au pouvoir d’un algorithme mondial ? La société allemande, pionnière en matière d’innovations technologiques et d’organisation, pourrait-elle servir de laboratoire vivant pour repenser la souveraineté numérique face à ces erreurs à grande échelle ?
Source : Engadget
