Que cache la sortie soudaine de Final Fantasy XVI sur Xbox, deux ans après son lancement initial sur PlayStation ? Derrière ce qui ressemble à un cadeau tombé du ciel pour les fans de la saga sur consoles Microsoft, n’existe-t-il pas une vraie stratégie de reconquête du public, ou un indice supplémentaire des bouleversements en cours dans l’industrie du jeu vidéo ?
Jusqu’à présent, les fans d’Xbox n’avaient d’autre choix que de regarder de loin les joueurs PS5 profiter de cette dernière aventure signée Square Enix. Pourquoi l’éditeur a-t-il attendu aussi longtemps pour proposer Final Fantasy XVI sur Series X/S ? Et surtout, pourquoi faire cette annonce de façon si inattendue lors du Xbox Games Showcase ? La surprise était totale : non seulement le jeu est disponible immédiatement, mais il bénéficie aussi d’une compatibilité étendue avec l’écosystème Xbox, PC et cloud, de quoi mettre l’eau à la bouche.
Plus intrigant encore, ce portage s’accompagne de l’arrivée simultanée d’une édition complète incluant les deux extensions du jeu. Derrière cet apparent geste de générosité, doit-on voir une volonté de rattraper un retard face à la plateforme concurrente ? Ou plutôt la preuve d’un basculement de la stratégie de Square Enix et d’une ouverture assumée vers le multi-plateforme ? Le fait que Final Fantasy XVI soit déjà jouable sur Steam et Epic Games Store depuis septembre dernier prouve-t-il que l’exclusivité console n’a plus la même importance qu’avant auprès des éditeurs japonais ?
L’arrivée de Final Fantasy XVI sur Xbox questionne la pertinence des exclusivités à l’ère du cloud gaming.
L’intégration quasi-totale de Final Fantasy sur les consoles Xbox ne laisse désormais de côté que les remakes de Final Fantasy VII, mais pour combien de temps encore ? Intergrade est déjà programmé pour l’hiver prochain, coïncidant avec le lancement annoncé de nouveaux appareils portables Xbox. La mutation de la saga, autrefois indissociable de l’univers PlayStation, marque-t-elle une nouvelle ère pour l’écosystème gaming ? L’avenir du jeu vidéo ne tend-il pas vers le crossplay total, où la frontière entre les constructeurs s’efface au profit du choix de la communauté d’utilisateurs ?
En parallèle, la possibilité de poursuivre sa partie sans couture entre console de salon, PC ou même en streaming sur le cloud, est-ce un nouvel argument de poids pour fidéliser les joueurs exigeants ? Voit-on vraiment émerger une philosophie « buy once, play everywhere » ? Comment les autres acteurs – Sony, Nintendo notamment – répondront-ils à cette offensive de Microsoft et de ses partenaires ? Les utilisateurs, de plus en plus avides de flexibilité, tireront-ils bénéfice de cette ouverture ou risquent-ils d’y voir une dilution de l’identité des licences ?
La saga Final Fantasy est-elle en train de se réinventer grâce à cette stratégie multiplateforme, ou bien va-t-elle y perdre une part de son âme d’antan ? Au fond, Square Enix répond-il enfin aux attentes du public occidental, ou ne fait-il que suivre le courant d’une industrie en profond bouleversement ?
Ainsi, à quoi ressemblera la prochaine décennie de Final Fantasy, suffisamment universelle pour tous, ou attachée à son héritage console ? La question se pose désormais à l’heure où l’exclusivité semble avoir du plomb dans l’aile : le futur du jeu vidéo sera-t-il multi-support ou existe-t-il encore une place pour des expériences uniques à une seule plateforme ?
Source : Engadget