Est-il vraiment possible de renaître de ses cendres dans le monde impitoyable de la tech, surtout après une banqueroute retentissante et une perte de confiance massive du public ? C’est la question que soulève le retour inattendu d’Anne Wojcicki, fondatrice de 23andMe, aux commandes du pionnier de la génétique grand public. Comment cette femme d’affaires, à peine débarquée de son poste de PDG, parvient-elle à reprendre une entreprise qu’elle venait tout juste de quitter ?
Retour rapide sur une saga financière aux rebondissements multiples : en mai 2025, la biotech Regeneron remporte l’enchère judiciaire pour 23andMe, emportant la société pour 256 millions de dollars. Coup de théâtre, quelques semaines plus tard : l’offre inattendue de TTAM Research Institute, une organisation à but non lucratif dirigée par Wojcicki, surpasse la précédente avec 305 millions. Pourquoi cette offensive de dernière minute ? Et comment une figure aussi controversée propose-t-elle de ramener la confiance dans un groupe en pleine tourmente judiciaire et réputationnelle (communiqué)?
Face à cette surenchère, un juge de la faillite impose à Regeneron de surenchérir d’au moins 10 millions supplémentaires pour rester dans la partie – somme que l’entreprise refuse de débourser. TTAM se retrouve donc en position de force, prête à racheter une entreprise dont l’avenir semblait déjà scellé quelques jours plus tôt. Le verdict final tombera le 17 juin 2025, lors d’une audience cruciale. Faut-il y voir un sauvetage visionnaire ou une simple tentative de sauvegarder une image abîmée ?
La confiance du public envers la génétique grand public peut-elle survivre à tant de secousses ?
Si les motivations d’Anne Wojcicki semblent relever d’une volonté de protéger la mission historique de 23andMe, tout reste à prouver quant à ses réelles intentions. Quels garde-fous pour les données sensibles ? L’accord prévoit le maintien des protections de la vie privée : possibilité pour les clients d’effacer leurs données, création d’un Conseil de défense du consommateur, et engagement à ne jamais vendre les précieuses bases génétiques sans appliquer les mêmes standards. Mais quels recours pour les usagers en cas de nouvelle tourmente financière ?
Ce come-back stratégique ne semble pas tout à fait improvisé. Depuis la déclaration de faillite du groupe en mars 2025, Wojcicki préparait sans doute déjà son retour en se retirant discrètement du poste de PDG pour se positionner comme repreneuse. Manipulation de haut vol ou geste désintéressé pour préserver la vision originale de la société ?
Pourtant, l’ombre des dernières années plane toujours sur 23andMe : une cyberattaque colossale en 2023 exposant les données de millions d’utilisateurs, suivie de licenciements massifs en 2024 avec 40% de l’effectif sur le carreau. Peut-on sérieusement espérer restaurer la confiance après autant de coups durs ?
Alors, Anne Wojcicki, sauveuse providentielle ou stratège rusée, parviendra-t-elle à faire oublier les zones d’ombre de 23andMe et à redonner à la génétique personnalisée ses lettres de noblesse ? Le public, qui détient la clé du redressement de l’entreprise, accordera-t-il une seconde chance à la génomique à la carte ?
Source : Engadget