Pourquoi un investisseur aussi influent que Matt Miller, après 12 ans chez Sequoia, choisirait-il de s’exiler pour fonder son propre fonds et, surtout, pourquoi Sequoia continuerait-elle de le soutenir alors qu’il vole désormais de ses propres ailes ? Le lancement d’Evantic et sa levée rapide de 355 millions de dollars suscitent autant de questions que d’enthousiasme dans l’écosystème tech européen et américain.
Matt Miller n’est pas un inconnu dans le monde du capital-risque ni dans l’expansion européenne de Sequoia. Mais peut-on vraiment croire que son nouveau fonds, basé à Londres mais opérant des deux côtés de l’Atlantique, n’est qu’une suite logique de sa trajectoire ? L’annonce d’un objectif désormais porté à 400 millions de dollars, avec Sequoia à ses côtés en tant qu’investisseur, intrigue d’autant plus alors que Miller avait initialement évoqué un fonds beaucoup plus modeste.
Si Evantic promet un focus sur les startups B2B à des stades avancés (Series B, croissance), la discrétion autour de ses véritables priorités interpelle. Pourquoi Sequoia ne souhaite-t-elle pas commenter, officiellement, ce nouveau partenariat ? Et comment expliquer que la majorité des investissements, bien que théoriquement transatlantiques, seront orchestrés depuis Londres, où Miller s’est installé en 2021, après avoir lui-même piloté l’offensive européenne du géant californien ?
Le lancement d’Evantic relève-t-il d’une simple continuité ou cache-t-il de profondes tensions internes chez Sequoia ?
Justement, derrière la façade d’un passage de témoin en douceur, TechCrunch révèle que le départ de Miller serait lié à un épisode de pouvoir manqué chez Klarna. Miller, à la veille de son départ, aurait tenté sans succès d’évincer son ancien collègue Michael Moritz du conseil d’administration du géant suédois. Ce geste, renié par Sequoia, soulève une autre question : quelles rivalités internes secouent réellement la firme historique de la Silicon Valley ?
Dans la foulée, des tensions se sont cristallisées autour de Shaun Maguire, partenaire controversé de Sequoia, dont les prises de position politiques ont divisé en interne comme chez les startuppeurs. Miller et plusieurs autres figures clefs ont d’ailleurs pris publiquement leurs distances. Faut-il y voir une crise de gouvernance ou une simple divergence idéologique passagère ?
Paradoxalement, malgré ce feuilleton, Sequoia reste le premier soutien de Miller dans l’aventure Evantic, qui attire désormais d’anciens collègues et s’installe comme un acteur transatlantique de poids, à l’image d’Index Ventures ou Northzone. Le nouvel ensemble s’aligne ainsi sur la tendance des fonds hybrides entre Europe et États-Unis, tout en marchant sur les traces de la fondation Norrsken et son capital réservé à l’IA « for good ».
Alors que Miller poursuit plusieurs mandats au sein de conseils d’administration pour Sequoia et s’entoure d’une équipe fidèle, la question reste entière : Evantic sera-t-il le cheval de Troie de Sequoia en Europe ou bien le signe d’une mutation plus profonde du capital-risque mondial ?
Source : Techcrunch




