Capteurs saturés, frontières déplacées : la technologie ou la grande boucle de rétroaction ?

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Capteurs saturés, frontières déplacées : la technologie ou la grande boucle de rétroaction ?

Bienvenue dans le grand cirque technologique, où tout s’accélère, s’entrechoque et se transforme à la vitesse d’un flux Reddit en pleine nuit blanche. Se regarder vivre devient « smart » à coups de trackers d’activité bardés de capteurs, tandis que la santé mentale et la vie privée se liquéfient dans des clouds bien lointains. Les nageurs, eux, n’ont toujours pas trouvé l’antidote à la buée sur leurs lunettes connectées, mais au moins, ils peuvent désormais analyser chaque brasse jusqu’à l’épuisement des deux – du nageur et de sa batterie.

Pendant que notre monde se quantifie, de la foulée du jogger névrosé au sommeil déréglé du cadre sup’, la course mondiale à l’intelligence artificielle s’apparente à un Monopoly démesuré, où tirer une carte « data center » ou « gigapuce Nvidia » est le nouveau jackpot. La joute sino-américaine place ses coups de bluff sur le tapis vert du silicium, entre retour fracassant de Nvidia en Chine, Tesla qui temporise en Inde et Zeekr qui bat en retraite à New York… Pendant ce temps, nos IA et nos modèles open source s’émancipent, prêts à conjuguer hallucinations créatives et intégrations payantes sur toutes les plateformes (Claude & Canva en couple, même le samedi soir).

Mais à force de s’évaluer, s’espionner, s’abonner, on peut se demander ce qui reste de l’humain dans ce ballet de promesses augmentées. Nextdoor, ce voisinage numérique qui croyait s’innocenter avec une interface neuve et des IA locales, rêve de chasser le fantôme de la désinformation – sans voir que ses alertes météo ressemblent de plus en plus à du feuilletage anxieux de notifications. Sur Reddit, le scrollable auto-répressif renforce une société où grandir, c’est avant tout prouver qu’on a une carte d’identité numérique valide. La frontière entre performance personnelle, contrôle social et délégation de nos vies à une poignée d’algorithmes s’amincit à chaque mise à jour.

Quand les machines deviennent notre miroir, chaque promesse d’autonomie ressemble étrangement à une nouvelle dépendance.

À travers ce kaléidoscope bardé de capteurs, de puces exportées et d’abonnements à rallonge, où la course à la ressource rivalise avec l’obsession du score de sommeil ou du nombre de pas quotidiens, la technologie ne sert-elle plus qu’à nourrir sa propre faim, jusqu’à épuisement du réel ? Même sur le marché du capital-risque, la rupture affichée (GPx, Evantic), ressemble moins à une émancipation qu’à un jeu de chaises musicales où tous les sièges sont… connectés. Les tentatives de disruption ne font bien souvent que recycler la promesse du nouveau monde, à crédit renouvelable et en version premium, svp.

Ne reste-t-il plus qu’à quantifier ce que l’on sacrifie au progrès, et à quel prix ? Tant qu’on ne portera pas (encore) de bracelet pour scorer son taux de perplexité métaphysique, on pourra toujours s’étonner de voir que la révolution digitale, censée décloisonner et relier, s’emploie chaque jour davantage à mesurer, normer, filtrer – à isoler derrière le paravent de l’innovation. Un progrès, vraiment ? Ou juste une immense boucle de feedback entre deux boîtes à puces ?

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