Comment une startup suédoise, à peine sortie de l’ombre, a-t-elle conquis en moins d’un an aussi bien les investisseurs de la Silicon Valley que les créateurs d’applications du monde entier ? Faut-il voir dans l’épopée de Lovable le signe d’une révolution dans la manière dont nous développons des logiciels ?
Lovable, jeune pousse fondée à Stockholm il y a seulement huit mois, vient d’atteindre le statut de licorne, avec une levée de fonds colossal de 200 millions de dollars menée par Accel et une valorisation vertigineuse de 1,8 milliard de dollars. Mais que cache cette ascension fulgurante ? N’est-il pas risqué de miser autant sur une plateforme qui, pour l’instant, propose ses services gratuitement à la grande majorité de ses 2,3 millions d’utilisateurs actifs ?
Car si Lovable s’impose déjà comme le roi de l’IA générative pour la création d’applications et de sites web en langage naturel, la réalité est plus nuancée : seuls 180 000 de ses utilisateurs sont abonnés payants, pour des revenus récurrents annualisés déjà estimés à 75 millions de dollars. Comment expliquer cette traction aussi rapide ? Est-ce la promesse d’accès universel au prototypage qui séduit autant les non-techniciens que les professionnels du secteur ?
La croissance remarquable de Lovable soulève autant d’enthousiasme que de questions sur la viabilité et l’avenir de ces outils propulsés par l’IA.
Avec une équipe réduite à 45 personnes, Lovable défie toutes les logiques classiques de croissance. Est-ce sa stratégie de s’appuyer sur la viralité, ou le secret réside-t-il dans sa capacité à attirer rapidement des investisseurs et des business angels prestigieux, comme le patron de Klarna ou le cofondateur de Slack ? La plateforme, qui ambitionne d’aller bien au-delà du simple prototype, veut s’imposer comme l’outil qui permettra, à terme, de bâtir des entreprises complètes en quelques clics. Mais la technique d’escalade express, est-elle pérenne?
Pourquoi tant de grandes entreprises choisissent-elles déjà Lovable, comme Klarna, Hubspot ou des géants de l’edtech brésilienne ? Est-ce leur soif de réduction des coûts de développement, ou la crainte de rater la vague de l’IA générative ? Pendant que le PDG Anton Osika investit dans des startups créées sur sa propre plateforme, les regards se tournent vers la prochaine étape : combien d’applications “made in Lovable” entreront réellement en production, et survivront-elles à l’épreuve du temps ?
En moins d’un an, la jeune pousse a catalysé plus de 10 millions de projets – la plupart portés par des utilisateurs non techniques en quête de rapidité et de simplicité. Mais Lovable a-t-elle résolu le problème chronique qui touche les créateurs : le manque de développeurs accessibles et rapides pour matérialiser des idées ambitieuses ?
Le secteur de la création logicielle est-il en passe de vivre sa plus grande démocratisation, ou assiste-t-on à un engouement passager dopé par l’abondance de capitaux et de promesses d’intelligence artificielle ? Le pari de Lovable, bien que spectaculaire, interroge sur la résilience de son modèle et son real impact à long terme.
Derrière la ruée vers l’IA et la multiplication des outils “no-code” ou “low-code”, faut-il s’attendre à une transformation durable du marché du développement logiciel, ou Lovable n’est-elle qu’un feu de paille ?
Source : Techcrunch




