Dans la jungle connectée, qui élève encore la voix ?

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Dans la jungle connectée, qui élève encore la voix ?

Quelle étrange époque, où la technologie oscille sans cesse entre le grandiose et le grotesque, façonnant le monde avec la même désinvolture que l’on mettrait à changer de filtre Instagram. Entre une génération d’ados qui préféreraient confier leur spleen adolescent à une IA conversationnelle plutôt qu’à un copain de lycée, et les géants du marché qui multiplient les prouesses financières avec des IPO façon « quitte ou double », on se demande si la véritable disruption ne serait pas, tout simplement, d’apprendre à décrocher du numérique. A moins que nous ne soyons déjà tous piégés dans le grand filet de notre propre confort algorithmique.

Jetez un œil aux adolescents américains : selon cette enquête sur les compagnons IA, ils sont près de trois quarts à préférer discuter avec Replika ou ChatGPT plutôt qu’à confier leurs peines de cœur à un être humain imparfait. Mais ne jetons pas la pierre, car l’adulte lui aussi, tel un investisseur exalté devant la dernière IPO de Figma, se laisse bercer par la douce illusion d’un contrôle sur l’avenir – ou le portefeuille, selon l’interface du moment. Les deux mondes se rejoignent dans la même volonté de simulation sécurisée : l’un simule l’amitié, l’autre la croissance éternelle.

Dans la salle d’attente des urgences, la frontière se brouille encore : rien ne vaut un assistant IA pour décider si votre voisin en crise de courgette mérite de saturer le 911 ou de patienter derrière le chat du rez-de-chaussée. Hyper et ses assistants IA jouent désormais les concierges du tri émotionnel tandis que, dans une ironie magistrale, Microsoft lutte de son côté pour boucher les failles béantes de SharePoint, démontrant qu’à force d’automatisation, la vulnérabilité devient elle aussi exponentielle. La société, toujours plus obsédée par la scalabilité jusque dans la gestion des crises et des relations sociales, rêve de multiplier les modèles, les profits et les conversations… sauf quand survient la fameuse faille zero-day qui rappelle à l’ordre : la croissance sans sécurité, c’est du soufflé sans farine.

Plus nous multiplions compagnons numériques, IPO spectaculaires et IA multitâches, plus la méfiance et les failles s’infiltrent dans la grande fête de la connexion globale.

Il n’est donc pas surprenant qu’à l’heure où la France lance une croisade contre l’hégémonie de X (ex-Twitter) et ses algorithmes troubles, d’autres géants, d’Apple à Google en passant par Figma ou Tesla, peaufinent leurs armes : caméras double-face, modèles toujours plus fragmentés sur Android, ou stratégies de scalabilité mythique déclinées à chaque étage du capitalisme. Dans ce bal masqué de la disruption, chacun rêve d’être le prochain champion – quitte à vendre la promesse d’une innovation salutaire qui finira souvent en solution de confort pour des problèmes créés… par la techno elle-même.

Finalement, à force de vouloir automatiser nos amitiés, rationaliser nos introductions en bourse, filtrer nos urgences ou optimiser nos selfies, la seule vraie question qui s’impose est celle de la valeur du lien – humain, financier, social ou logicielle. Qui sera prêt à trancher entre efficacité froide et insécurité émotionnelle ? Peut-être devrions-nous réapprendre non pas à adopter, mais à douter, pour éviter de glisser sur la prochaine banane numérique que la jungle de la tech s’empresse si bien de semer.

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