La révolution virale ou l’illusion de la disruption permanente

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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La révolution virale ou l’illusion de la disruption permanente

Vous pensiez que la technologie allait nous offrir un monde plus rationnel, plus fiable, plus stable ? Détrompez-vous : nos chères innovations sont devenues les déesses capricieuses d’un panthéon de hype, d’immédiateté, et de réflexes pavloviens où la viralité prime sur la vertu – et la sécurité sur la compatibilité. Regardez donc Netflix qui transforme ses abonnés en distributeurs automatiques d’extraits à buzz, tel un TikTok culturel sous stéroïdes, pendant qu’une appli de shopping bâtie sur la crédibilité népotique d’un certain « Gates » redéfinit notre rapport à la mode grâce à… l’éternel recyclage de la comparaison de prix. Que vous soyez mordu de binge-watching viral ou chasseur de deals branchés, la technologie n’est plus maîtresse du progrès : elle est esclave de la tendance.

Évidemment, dans cette course effrénée vers l’instantanéité et le partage compulsif, qui s’enquiert encore de la robustesse des infrastructures ou de la confidentialité des usages ? La crise d’Asahi, stoppée net par une attaque numériquement silencieuse mais cybernétiquement fracassante, vient rappeler que le buzz et le clic ne déploient aucune parade face à la fragilité systémique. Les industriels découvrent que la digitalisation effrénée augmente la surface d’attaque plus sûrement que le chiffre d’affaires : le cloud, bon pour viraliser un extrait de série, l’est tout autant pour propager l’anéantissement de chaînes entières de production.

Dans ce grand bal, les géants tentent de masquer l’embarras sous le vernis de la responsabilité ou de la souveraineté technologique. Microsoft coupe ses services à un état dès que les révélations sortent dans la presse, tandis qu’Apple feint d’ouvrir porte et fenêtres européen(ne)s tout en protégeant jalousement son écosystème, quitte à sacrifier quelques fonctionnalités – sécurité ou protection de rente, la frontière se brouille. Même Adobe, débarquant sur mobile, promet la « démocratisation » de la création jusqu’à ce que le compteur de crédits rappelle que la liberté s’achète, cliché par cliché.

À force de tout rendre viral, mobile et instantané, c’est l’infrastructure du monde, notre rapport au vrai et la frontière entre le gadget et la révolution qui partent en fumée numérique.

La soirée serait incomplète sans l’éternel rêve (ou cauchemar ?) du robot humanoïde : l’illusion de machines douées d’empathie et d’habileté humaine, dénoncée comme « pure pensée magique » par Rodney Brooks. Qu’importe que nos start-up du cloud, du streaming ou de la mode misent sur la personnalisation et la « communauté » – tant que la collecte de data et l’investissement massif tiennent lieu de vision, la réalité restera celle d’une loterie techno-commerciale, où la nouvelle « révolution » s’évalue à grands renforts de storytelling et d’optimisation virale.

Derrière les discours sur la liberté, la sécurité ou la créativité se cachent surtout des stratégies de verrouillage, d’illusion participative ou de monétisation plus raffinée. Nos usages évoluent : chaque scroll, chaque partage, chaque clip viral façonne votre quotidien à coup d’algorithmes – mais toujours au profit de ces titans qui, au fond, maîtrisent mieux votre attention que vous-même. À défaut d’un progrès réel, la boucle du progrès perçu tourne à plein… jusqu’au prochain bug systémiquement viral.

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