Comment l’alliance étroite entre les startups technologiques et le gouvernement américain influence-t-elle réellement l’innovation, et à quel prix ? Depuis quelques années, l’État fédéral n’est plus un simple spectateur, il devient client, partenaire, voire actionnaire direct de jeunes pousses dans l’IA, la robotique, l’espace ou la tech climatique. Mais jusqu’où cette main étatique est-elle bénéfique, et où commence-t-elle à paralyser la créativité ?
Face à l’engouement pour les marchés publics, nombre de startups se réjouissent de voir leur carnet de commandes se remplir grâce aux contrats fédéraux ou aux subventions liées à la défense. Mais que se passe-t-il quand le gouvernement ferme. Un shutdown comme celui du 1er octobre ne fait-il pas planer un prix invisible : retards d’homologation, gel de paiements, projets suspendus ? L’État, nouvel adjuvant à la croissance, ne pourrait-il pas aussi devenir le premier risque existentiel pour les entreprises qui en dépendent ?
L’émission Equity de TechCrunch n’a pas manqué de relever cette dépendance accrue d’écosystèmes entiers. Fini le monopole de la tech grand public, désormais l’argent fédéral irrigue les secteurs de pointe, mais pose de nouveaux obstacles réglementaires insaisissables. Comment anticiper une rupture de la “machine à cash” étatique alors que les IPO s’annoncent en rafale, et que la monétisation de l’IA chamboule tout le modèle de croissance ?
L’intervention croissante du gouvernement dans la tech est-elle une aubaine… ou un nouveau piège à startups ?
Le plus troublant, c’est que l’État ne se contente plus d’acheter : il investit, négocie des prises de participation, devient copropriétaire. Le récent accord entre le gouvernement américain et Lithium Americas, qui lui octroie 5 % de la compagnie (et autant dans sa coentreprise avec GM), marque un basculement. Sous la férule du Département de l’Énergie, la Maison Blanche exige désormais une part du gâteau pour ses prêts, via des “warrants” gratuits. Et si, demain, plus aucune innovation critique ne pouvait exister sans la bénédiction (et l’actionnariat) de Washington ?
L’administration Trump n’a pas fait exception, élargissant la participation fédérale jusque dans les industriels des métaux rares ou dans des géants comme Intel. Faut-il y voir une ambition souverainiste et industrielle assumée, ou une prise de contrôle rampante sur la vitalité de l’entrepreneuriat américain ? Les startups rêvent d’indépendance, mais leur réalité deviendrait-elle celle de “filiales publiques” de facto, tenues en laisse par des conditions politiques et financières inaccessibles au commun des mortels ?
L’émission revient également sur d’autres enjeux brûlants : les efforts des sociétés d’IA pour transformer leur notoriété en revenus tangibles, la réaction inquiète de l’industrie du divertissement face à l’actrice générée par IA Tilly Norwood, ou encore l’incroyable levée de fonds du laboratoire Periodic Labs. Mais, derrière ces succès, n’y aurait-il pas un filigrane de dépendance accrue au bon vouloir de l’État ?
Alors que les investisseurs et entrepreneurs se pressent à des évènements comme Disrupt 2025 pour saisir les clés de la croissance, un doute subsiste : cette dépendance croissante à l’État, source d’opportunités, ne s’accompagne-t-elle pas d’une vulnérabilité inédite pour la tech américaine ? À force de courir après les fonds publics, la Silicon Valley ne risque-t-elle pas d’y perdre son âme ?
La technologie américaine, en s’alliant étroitement à l’État, écrit-elle une nouvelle page d’innovation ou prépare-t-elle ses propres chaînes ?
Source : Techcrunch




