À force de rêver d’intelligence artificielle qui dompterait le plasma, organiserait nos vies numériques à coups de ChatGPTOS, ou rendrait la conquête spatiale accessible au chaland, il serait temps de se demander si notre quête technologique, plus cosmique que jamais, ne se paie pas d’une inversion de sens. L’IA doit-elle nous sauver, ou simplement boucler la boucle du mythe prométhéen — celui où l’humain finit par se brûler les ailes en explorant l’infiniment complexe du quotidien comme des étoiles ?
Regardons cette alliance détonante entre DeepMind et CFS : la promesse de l’énergie de fusion, ce Graal si longtemps inatteignable, repose désormais sur des algorithmes conçus pour simuler la fureur des plasmas. Or, qui, il y a dix ans, aurait parié que la clé vers l’abondance énergétique ne tiendrait pas tant à la physique qu’à la capacité d’une IA à “gérer l’imprévisible” ? Eh bien, Google l’avait pressenti, tout comme il pressent qu’une IA peut piloter nos vies numériques de l’intérieur, façon ChatGPTOS prêt à digérer le monde des applications. Entre le pilotage du plasma et celui de nos notifications, la matrice s’étire — jusqu’où, nul ne le sait vraiment.
Ce n’est plus un fantasme : l’énergie rénovée par l’IA (fusion nucléaire, panneaux solaires made in Starpath), la productivité boostée par les chatbots, l’espace bradé au kiloWatt et l’économie mondiale qui rapatrie ses fleurons là où la croissance bourgeonne vraiment (n’est-ce pas, Flipkart ?) : tout cela s’entrelace dans une même logique d’automatisation, d’optimisation… et d’hyperdépendance. Mais attention à l’envers du décor : l’IA qui, par sa “précipitation applicative”, gorge nos vies de gadgets aussi creux que les phases lunaires (qui, elles, au moins, ont le mérite d’être cycliques et inévitables), finit par générer un “workslop” — ce travail bâclé qui menace jusqu’à l’essence de notre productivité.
Oui, la technologie explore l’espace, colonise la productivité et tente d’électrifier nos vies, mais à courir après la nouveauté, fabrique-t-on du sens ou seulement de l’agitation automatisée ?
Tantôt, on croirait voir à l’œuvre une fuite en avant : Stellantis préfère retourner au thermique malgré la promesse électrifiée — quitte à confesser à demi-mot que la transition n’est pas si volontairement acceptée sur tous les marchés (mais qui osera l’admettre franchement ?). En miroir, la startup indienne Flipkart rapatrie sa base, symétriquement à la “redomiciliation” globale des ambitions — comme si, dans l’espace réel comme dans le virtuel, la révolution technologique n’avançait jamais sans un solide retour à la case départ nationale, sociale, voire existentielle. Pendant ce temps, derrière la lune qui décroît, défilent nos illusions de maîtrise, pleines de lumière mais riches aussi en zones d’ombre…
Au fond, c’est moins la technologie qui brille, que notre volonté acharnée de rendre la complexité praticable à coups d’algorithmes, de chaînes automatisées et d’OS conversationnels. Mais à force d’automatiser la création, l’action, même le rêve (l’énergie spatiale pour tous, vraiment ?), ne risquons-nous pas d’exporter partout sur Terre — et au-delà — les mêmes impasses de superficialité et de “travail bâclé” ? La véritable énergie de demain ne sera-t-elle pas, finalement, celle d’un discernement retrouvé dans le brouillard algorithmique, d’un choix humain repensé face aux promesses de l’automatisation dévorante ?




