La servitude numérique volontaire, version 2025

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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La servitude numérique volontaire, version 2025

Dans cette grande fresque techno-satirique, une question obsédante s’impose : l’innovation numérique nous simplifie-t-elle la vie ou la complique-t-elle à coups de miroirs déformants et de panneaux d’arrêt ? Prenons le bras de fer Epic Games vs Apple. On pensait naïvement qu’installer une appli tierce sur son iPhone serait un nouveau droit de l’homme européen — mais c’était méconnaître la créativité d’Apple, qui a inventé le “parcours de la peur” numérique : quelques clicks, cinq écrans d’alerte, une crise d’angoisse et une envie d’abandonner… jusqu’à ce que la régulation les force à mettre de l’huile dans les rouages. Mais à trop vouloir verrouiller, le géant finit par révéler une chose : le monde numérique n’est pas seulement un marché, c’est aussi un ring psychologique, et l’utilisateur y joue les boxeurs hésitants.

La frontière entre le choix, l’illusion du choix et la “liberté assistée” se floute aussi du côté des objets qui mesurent nos battements de cœur. Dans la grande arène des montres connectées, Apple Watch SE 3 bouscule la mythologie du “premium”. Le chaland pense s’offrir la puissance technologique ultime avec l’Ultra 3. Mais la réalité ? Même le modèle “entrée de gamme” regorge de capteurs presque aussi sophistiqués, à tel point qu’on pourrait croire à une démocratisation du luxe. Reste pourtant à se demander si l’on achète du progrès ou le mythe d’en être le premier bénéficiaire — après avoir survécu à tous les pop-up d’alerte d’Apple, on finit peut-être par acheter une montre qui mesure avant tout notre tolérance au marketing.

Plus loin, la décentralisation version Mastodon nous refait le coup du “vous êtes libre… mais payant”. Mastodon s’émancipe du carcan associatif en proposant de l’hébergement clé-en-main à toutes les organisations paumées dans l’océan du Fediverse. Et là encore, paradoxe immense : la promesse d’un web ouvert devient un service, la liberté formatée en FAQ et menus déroulants. L’open source se mue peu à peu en “open wallet” ; même la Commission européenne y trouve son compte. En réalité, Mastodon n’a rien inventé : il institutionalise la vieille recette, “la liberté, oui, mais avec assistance technique et facturation à la carte” — soit exactement le dilemme d’Apple, montres et stores inclus, en version barbue et open source.

Parfois, la technologie ne nous libère pas du carcan, elle le rembourre et nous le loue à l’année.

Sous les radars, la société du “tout-service” s’étend dans l’espace : la logistique militaire à la sauce Blue Origin et Anduril, ce n’est rien d’autre que la livraison expresse version SSII pour l’US Air Force. Rocket Cargo Program promet mieux qu’Amazon : sortir la prochaine salve de gadgets militaires sur orbite — ou comment la disruption numérique, du serveur Mastodon à la capsule régulée, fait de notre quotidien une débauche de confort sous stéroïdes. Mais la question reste : ces promesses transforment-elles véritablement nos usages, ou ne font-elles qu’ajouter des couches (de validation, de sécurité, de “rassure-tech”) à un système de plus en plus contrôlé, monitoré et tarifié ?

En tissant ce petit théâtre de la technologie ultra-connectée, des pop-ups anxiogènes d’Apple aux serveurs Mastodon institutionnalisés, jusqu’à la conquête spatiale privatisée, on devine une tendance profonde : celle d’un monde où la frontière entre “liberté” et “service” devient insaisissable. La grande illusion du numérique ? Nous n’avons jamais été autant assistés… au point qu’il devient difficile de distinguer la cage dorée du cloud, du bracelet en titane ou de la capsule militaro-spatiale. Entre la peur de l’ouverture, la fascination sécuritaire et la quête marketing, le progrès technologique ressemble toujours un peu plus à une boîte noire au service du confort actionnariat.

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