Le monde technologique n’a jamais aussi bien joué à saute-mouton entre les promesses du progrès et la réalité d’une humanité indécrottablement… humaine. Tandis que Novoloop tente de conjurer la malédiction du “proof of concept qui ne sort jamais du garage” pour transformer nos sacs poubelles en baskets dignes de poser chez Vogue, le reste de la siliconerie nage dans son rêve éveillé : protéger les ados d’eux-mêmes via les chatbots (merci OpenAI), prêcher à nos âmes numériques directement sur le cloud (Dieu 2.0) ou guetter la prochaine pleine lune comme si tout ce cirque cosmique avait une leçon à nous souffler (Miroir lunaire). Le grand tabou technologique ? Cette manie de tout promettre, tout automatiser – mais pour qui la machine bosse-t-elle vraiment ?
Face à la dantesque entreprise de recyclage de Novoloop, on croirait presque entendre les startuppers jurer la main sur le cœur : “Nous allons sauver le monde !” Las, ils se heurtent à la vallée de la mort économique. Or l’industrie du plastique recyclé ressemble furieusement à un ado modelé par ChatGPT : elle répète les belles intentions du marché tout en restant prisonnière de ses propres limites. On invite l’industrie à embrasser la circularité, mais dès qu’il s’agit de s’y filer vraiment, ça se bouscule déjà moins à l’entrée de l’usine. Derrière chaque projet pilote se cache ainsi un tube à essai à demi vide, coincé entre l’ambition et la réalité du terrain.
Cet écart permanent entre l’idéal et le pragmatique n’épargne personne : OpenAI, contraint d’imaginer un ChatGPT fliqué à la manière d’un pion de collège, rêve d’un monde numérique sans risques ni dérives… tout en découvrant que le seul vrai algorithme de contrôle parental, c’est la vigilance. Nos prières sont-elles exaucées par Bible Chat et consorts ? Disons que la machine sauve l’apparence de la spiritualité, mais pas la profondeur de la réflexion : elle oint l’auditoire de réponses personnalisées, à la carte, made in dopamine algorithmique.
Des industriels en manque de foi, des ados sous surveillance et des IA à confesse : la techno avance, l’humain cherche toujours ses repères.
C’est alors que la Lune, dans sa chorégraphie silencieuse, nous offre un contrepoint salutaire. Sur fond d’observations astronomiques et de cycles millénaires, elle rappelle à la Tech génération que certaines grandes équations échappent encore aux algorithmes. A l’heure où tout s’accélère, la persistance de ces rythmes célestes semble presque rassurante : le progrès aime l’innovation, l’humain préfère la répétition – ou du moins la compréhension de ce qui se rejoue sans fin dans le ciel et, par extension, dans nos cercles économiques, émotionnels et même spirituels. Peu importe le nombre de notifications reçues par minute, pas sûr qu’on ait percé le mystère primordial du “pourquoi tout cela, au fait ?”
Rien ne sert de courir pour forger l’avenir si la technologie avance toujours un pas plus vite que notre capacité à la questionner. Recyclage, IA paternaliste, foi numérique ou ballet astral : derrière la mode, il reste toujours un homme qui rêve obstinément d’un sens. Peut-être faudrait-il, avant d’automatiser nos réponses, réapprendre à observer – et parfois accepter – que tout n’est pas qu’une affaire de code ou d’économie d’échelle. À méditer, un soir de pleine lune… sans wifi.



