« Je ne raconte pas d’histoires… sauf quand je parle d’une startup indienne qui lève 85 millions ! » Voilà une punchline qui ferait sourire Kuku, la plateforme indienne de narration d’histoires, qui vient de décrocher un financement XXL pour animer le bal des contenus audio et vidéo dans un marché indien qui n’a jamais autant aimé papoter… sur son smartphone.
Concrètement, Kuku vient de boucler une levée en série C menée par Granite Asia, doublant sa valorisation à 500 millions de dollars. Sacrée performance pour ce poids lourd, qui a vu défiler Vertex Growth Fund, Krafton et quelques célébrités de l’investissement dans sa cap-table — pendant que Google, premier fan des débuts (mais discret avec -2 % de parts), a discrètement pris la porte de sortie. Moralité : à trop vouloir écouter, on finit parfois par zapper l’action…
Dans un pays où le prix d’un giga de données coûte moins cher qu’un chai brûlant, consommer du contenu, c’est devenu aussi populaire que le cricket. Sur ce terrain de jeu, la télé s’est fait doubler en 2024 par les plateformes numériques : l’Inde est désormais le royaume du téléphone narratif, et Kuku compte bien y régner par épisode interposé — microdramas, feuilletons éclairs et audiobooks cuisinés à la sauce locale.
Le marché du récit en Inde, c’est comme une série à suspense : de nouveaux acteurs, des rebondissements financiers et un public jamais rassasié !
Mais gare à l’effet d’annonce : derrière les chiffres et les millions, la réalité est pleine de nuances. Kuku, née en 2018, ne se contente pas de lire des histoires ; elle les décline aussi en mode vertical sur Kuku TV et en shows audio sur Kuku FM. Huit langues, dix millions d’abonnés payants, et une croissance façon Bollywood : +2x de revenus moyen par utilisateur, +10x de croissance depuis le dernier tour ! Ironie du sort, plus de 80 % de ses abonnés ne viennent pas des grandes villes… preuve que la vraie histoire se conte hors métropole.
Ces nouveaux friands d’histoires n’hésitent pas à payer (199 roupies par mois, 499 par trimestre, 1 499 à l’année) pour consommer en moyenne 100 minutes par jour. Quand on sait que plus de 90 % des abonnés restent chaque mois, et que la moitié des 10 000 créateurs viennent de petites villes, on comprend que l’aventure Kuku ressemble plus à une success-story populaire qu’à une techno-bulle de ville nouvelle.
Côté coulisses, ce n’est pas la GenAI qui joue la diva : chez Kuku, l’intelligence artificielle est l’assistante backstage. Traductions multilingues, scripts, vignettes, mais pas de robot au micro ou à la caméra – l’humain reste roi, même si plus de 70 % des étapes de production passent par l’IA. Dernier projet en date : un studio interne façon Marvel, bientôt boosté grâce aux nouveaux fonds et la promesse d’attirer des célébrités venues du grand et du petit écran. Vous pensiez que la technologie faisait tout ? Détrompez-vous, le storytelling à l’indienne reste une affaire de cœur… et de voix.
Évidemment, pas de Bollywood sans rivalités dignes des meilleurs films d’action. Pocket FM, principal concurrent, attaque Kuku pour copies abusives dès qu’une levée de fonds pointe le bout du nez. Stratégie ou hasard du calendrier judiciaire ? Le feuilleton judiciaire n’est pas prêt de s’arrêter. Kuku, pour sa part, double la sécurité avec une équipe dédiée au scan copyright, et investit dans la tech pour neutraliser les plagiaires-de-l’extrême. Rien de tel que d’armer ses chevaliers narrateurs pour continuer la bataille du contenu… jusqu’à Hollywood, où l’on espère exporter le modèle dès 2026 !
En somme, si Kuku a bien la couleur du paon et le punch du conteur (du moins côté téléchargement), il doit encore transformer l’essai sur le plan des revenus, surtout face à Pocket FM qui cartonne à l’international. Mais quand l’appétit d’histoire est aussi fort, on peut parier qu’entre justice, IA, et storytelling, le vrai héros sera… celui qui saura capter l’oreille (et le portefeuille) du public !
En conclusion, c’est quand on croit tout savoir sur une startup qu’elle se met à vous raconter d’autres histoires — et avec Kuku, il y a toujours un nouvel épisode à binge-écouter. Après tout, dans ce marché indien, dur de savoir qui sera le dernier… à tourner la page !
Source : Techcrunch
