« La fusion nucléaire : c’est comme les bonnes blagues, tout le monde en parle, mais personne n’en a vraiment vu une marcher ! » Voilà ce que penserait sûrement un physicien facétieux en apprenant la dernière nouvelle de Commonwealth Fusion Systems (CFS), qui vient de vendre à l’italienne Eni plus d’un milliard de dollars d’électricité… d’un réacteur qui n’est pas prêt de chauffer votre eau pour les pâtes avant le début des années 2030 !
On plante le décor : Richmond, Virginie, tout près du fief des data centers américains qui rêvent d’étendre leur empire. C’est là que la future machine à plasma de 400 mégawatts, nommée Arc—rien à voir avec les orages, promis—s’apprête à voir le jour, sous l’œil vigilant du patron Bob Mumgaard. Si vous avez l’impression de déjà-vu, ce n’est pas qu’un effet quantique : en juin, Google aussi avait réservé la moitié de la baguette énergétique que fera sortir Arc de son four.
Et même si CFS et Eni restent aussi bavards qu’un neutron sur la quantité précise d’électricité ou les délais impliqués, dans le monde de la tech, ces annonces sont surtout des messages codés à destination des investisseurs – et des journalistes curieux comme des électrons libres. Pendant ce temps, le « Sparc » — le premier réacteur de démonstration, en construction à Devens, Massachusetts — avance à 65 % et promet de tout allumer (espérons-le !) d’ici fin 2026.
La fusion nucléaire, c’est l’art de vendre la peau du plasma avant d’avoir capturé le tokamak !
Petite mise au point technique : chez CFS, on joue la carte du tokamak, une immense bouilloire à plasma confinée par des aimants supraconducteurs en forme de D (rien à voir avec une note de musique, là encore !). La mission ? Faire fusionner des atomes pour libérer assez d’énergie — en espérant générer plus de jus qu’on en dépense (ce qui n’est pas encore acquis, avouons-le avec un sourire en coin). Mais pour l’instant, tout ceci coûte surtout une montagne de dollars : sur les 3 milliards levés — dont un joli pactole de Nvidia, Google, Bill Gates et consorts — il faudra encore patienter avant le retour sur investissement.
Sauf que, qui sait ? Peut-être que les atomes joueront la diva et que tout ne se passera pas comme prévu. C’est aussi pour ça que les super-contrats comme ceux signés avec Google et Eni sont conçus pour être plus souples qu’un spaghetti cuit : tout le monde a conscience que lancer une nouvelle industrie, ça ne se fait pas en un clic sur « Fusionner ».
Curieusement, Eni ne consommera même pas toute cette électricité en Italie : la société préfère la vendre sur le réseau américain, sans vraiment s’attendre à faire des bénéfices (les premiers kilowatts de la fusion, on le sait, coûteront le prix d’une Ferrari). Au fond, ces deals servent surtout à donner des gages aux banquiers et aux investisseurs. Si Eni achète, c’est pour montrer aux marchés que la fusion ne sera bientôt plus un mirage, mais un prix fixe — histoire d’attirer plus de financiers dans le jeu. Bref, un joli tour de passe-passe énergétique !
Alors, la fusion nucléaire ? Une source d’énergie propre et (un jour) abondante… ou juste du vent chaud ? En attendant que le rêve devienne réalité, réjouissons-nous : après des décennies de promesses, l’industrie a au moins réussi à fusionner innovation et communication. Chez CFS, on ne sait peut-être pas encore maîtriser le plasma, mais niveau relations publiques, ils carburent déjà à l’électricité !
Et gardez ça en tête : dans ce business, il ne faut jamais confondre anticipation et watts d’avance !
Source : Techcrunch




