La tentation du tout-algorithme : quand la tech vous fait croire que vous tenez le volant

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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La tentation du tout-algorithme : quand la tech vous fait croire que vous tenez le volant

L’obsession technologique s’étale désormais de la route à la rétine, du scooter algorithmique aux avatars Bollywood surtitrés, et chaque acteur prétend réinventer la roue – parfois au sens propre, parfois au figuré. Entre la route qui tourne mal pour Tesla et les taxis-robots de Waymo, les fabricants de gadgets IA et les gourous des licornes européennes, une question lancinante flotte : la technologie libère-t-elle réellement l’humain, ou ne fait-elle que lui proposer de nouveaux costumes, tous un peu trop ajustés et brillants pour être honnêtes ?

Le feuilleton de la mobilité autonome tourne à la farce shakespearienne, avec ses rivalités, ses fusions et ses disqualifications de dernière minute. Tandis que Waymo s’apprête à jouer du code sur autoroute, Tesla collectionne les cartons rouges au code de la route, et la révolution annoncée par les robotaxis révèle surtout une incapacité chronique à concilier promesses et révolutions réelles. Les villes deviennent des laboratoires géants où le citoyen, tour à tour cobaye et spectateur désabusé, navigue entre robotaxis sélectionnés par tirage au sort et « mises à jour » qui corrigent les imprudences d’hier… avant la prochaine intersection imprévue.

Mais la mobilité autonome n’est qu’un pan de ce vaste théâtre d’automatisation effrénée : du plan social algorithmique d’Amazon à l’externalisation industrielle de la créativité, l’IA s’infiltre partout et promet tout. En Inde, berceau des selfies et désormais laboratoire géant du marketing technologique, Google danse la « Nano Banana » sur le tapis rouge du cloud et des nouveaux usages IA, tandis que ChatGPT Go tente d’appâter le milliard d’utilisateurs à coup de plans gratuits. La bataille pour conquérir les foules se joue à coup de giga-octets mais, sous la couche de masala promotionnel, l’utilisateur indien intrigue : consommateur aguerri, il télécharge tout, dépense peu, et s’assure un buffet gratuit à volonté. L’économie de l’attention a trouvé là son terrain de jeu le plus imprévisible.

Quand la promesse d’assistance digitale se mue en conquête du temps, du visage et de la mobilité, la ligne entre libération et absorption par la machine n’a jamais semblé aussi floue.

Dans cet océan d’annonces—où l’on célèbre les licornes nationales comme Mistral AI et où l’on rêve de scribe médical effaçant la paperasse pour mieux voir l’humain—les logiques de concentration prennent le pas sur les logiques de libération. Mobilité fragmentée, IA omniprésente et surveillance croissante s’inventent des économies à la découpe : le rapport de force entre capital, algorithmes et sociétés n’a jamais été aussi brutal. Ce qui se joue n’est plus seulement le futur du travail ou de la mobilité, c’est la capacité collective à définir ce que veut dire « progrès » — pour qui, à quel prix, et qui en tire réellement profit.

Derrière la féérie marketing et l’innovation à tout-va, les véritables questions s’accumulent : ceux qui codent la mobilité, l’image ou le soin, codent-ils pour nous, contre nous, ou simplement en leur propre faveur ? Le bras de fer mondial, qu’il s’agisse de sauvegarder des emplois ou de polir l’image d’un champion local, ne fait que commencer. À chaque nouvelle avancée spectaculaire, l’humanité semble gagner un super-pouvoir… mais aussi une nouvelle addiction. À qui reprendra-t-on le contrôle, la prochaine fois ?

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