Promo Day : L’Intelligence au rabais et le grand ménage des illusions

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Promo Day : L’Intelligence au rabais et le grand ménage des illusions

Prime Day, cette fête annuelle du temple d’Amazon, où nos esprits technophiles sont ballotés entre euphorie promo et angoisse existentielle, a encore frappé. À coup de casques Sony WH-1000XM5 déclassés, de montres Apple Watch Series 10 dégriffées, ou de robots Shark et Roomba plus avides de ménager nos moquettes que nos portefeuilles, la grande messe de la consommation high-tech atteint son paroxysme. Derrière l’hystérie des chiffres barrés, quelle est la leçon — ou la farce — de ce grand ballet d’automatisation et d’“intelligences” en promo ?

À chaque nouvelle promo, la frontière entre le “besoin” et le “désir” devient plus trouble. Le casque Sony, ex-roi du silence, bradé alors même que son successeur fait déjà la révérence technologique — promotion ou élégante façon de dire “circulez, il n’y a plus rien à voir” ? Même spectacle du côté des aspirateurs robots : après le Roomba et ses clones (et combos serpillère, SVP), la maison connectée se remplit de gadgets qui n’ont d’autonomie que le nom. Le Shark peut-il vraiment dompter la poussière mieux que le Dyson crâneur et lumineux (laser sur miettes inclus) ? Sommes-nous devant une démocratie du progrès ou une oligarchie du plastique connecté ?

C’est dans ce tumulte que la valeur de l’innovation se trouve elle-même remisée. L’Apple Watch Series 10, bracelet d’hyper-surveillance, voit son prix fendre le sol pour donner un parfum mainstream à la maîtrise biométrique. Mais à force d’écraser la frontière du luxe et du gadget, la “pomme” ne devient-elle pas ce trognon marketing qui pourrit la notion même d’avancée technologique, réduite au cycle des stocks à écouler ? Chez Google, ce sont les médias qui trinquent : l’intelligence artificielle aspire le contenu comme un Roomba avale les peluches, privant la presse de lectorat pour nourrir son propre écosystème. On pensait les robots cantonnés à nos salons, ils vampirisent désormais la culture tout entière.

Prime Day, ou l’extraordinaire moulinette où nos besoins sont restructurés en envies — et nos envies, en dépendance algorithmique.

Mais à mesure que l’intelligence se niche dans tout — des montres, des enceintes, à l’audio-livres vendus à la découpe sur Audible —, la question surnage : à qui profite le crime ? Car derrière la générosité apparente des offres se dessine un verrouillage subtil, où chaque promo n’est que l’appât d’un écosystème fermé, et chaque innovation, le prétexte pour vider les stocks à coups de slogan “nouvelle génération”. Même l’indépendance critique s’évapore : les meilleurs esprits satiriques sur les réseaux, tels le Louvre de Bluesky, disparaissent, victimes des harcèlements très analogiques de notre époque pourtant ultra-digitalisée.

Ce Prime Day 2025 offre un miroir cruel de notre époque : l’automatisation de la maisonnée, la marchandisation de la lecture, la réduction du débat public à des notifications de promo. La publicité nous promet de l’air pur, un ménage parfait, un bien-être piloté depuis le poignet — mais derrière la surface lisse, les choix s’amenuisent et l’indépendance, pas seulement celle des médias, s’effrite sous le rouleau compresseur d’écosystèmes fermés. Et si, dans cette grande lessive d’innovations, la seule chose qui ne s’achète pas restait la liberté de choisir hors promo ?

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