Panic Sound System ou la démocratisation à tous crans ?

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Panic Sound System ou la démocratisation à tous crans ?

À croire qu’on ne jure plus que par la promo, la signature sonore sous stéroïdes, et la connectivité Bluetooth qui fait du voisin de table notre ultime relais – la tech de 2025 ressemble à une discothèque où chaque objet, de l’appli Bitchat au dernier AirPods Pro soldé, se bat pour exister dans notre poche et dans notre oreille ! La décentralisation, autrefois slogan de hackers nostalgiques, devient nouveau business model : d’un côté Jack Dorsey rêve d’un internet dissout en ondes bleutées, de l’autre, Apple assure son monopole sur le confort auditif, à grands coups de promo Prime Day et d’intégration frictionless. Le vrai réseau social, demain, ce sera celui que vous tisserez en tendant l’oreille – littéralement, Bluetooth oblige – du bar à la salle de révision.

Pour autant, la reine Apple n’a jamais eu autant à batailler : il ne suffit plus de séduire l’étudiant branché ou le professionnel multitâche avec un MacBook Air en chute libre côté tarif ou un iPad gonflé à l’iPadOS 26 pour conserver sa couronne. L’Europe brandit son DMA, inflige des amendes faramineuses et rappelle qu’accroître son écosystème, ce n’est pas dominer la planète sans rendre des comptes (Apple contre l’Europe). Mais le consommateur, lui, n’a-t-il pas fini d’être dupe ? Promotion ou non, il a compris que la modularité et la compatibilité se monnaient cher, et que le moindre câble manquant est prétexte à racheter tout le magasin (n’est-ce pas, Google TV Streamer ?).

La jungle des gadgets, prise dans le cycle infernal du “toujours plus vite, toujours moins cher, mais attention au firmware”, redéfinit aussi nos rapports à la réussite, à la norme, et à la mémoire collective. Que vaut la liberté offerte par un casque à réduction de bruit ou un trackeur de clés lorsqu’on s’agenouille devant la vitrine de la promo, les yeux rivés sur la prochaine génération attendue… deux mois plus tard ? L’étudiant surarmé, l’amateur de streaming infidèle, l’audiophile discount et le gamer craintif de perdre sa collection voient se profiler une ère où la tech ne fait plus que servir : elle trie, cloisonne, rappelle à l’ordre. La pétition “Stop Killing Games” n’est que le dernier avatar de cette panique de masse, où l’on exige que le virtuel reste palpable et que nos bibliothèques (sonores, ludiques, visuelles) survivent à la prochaine vague d’obsolescence.

Le progrès s’annonce toujours sous la forme d’une promo décoiffante, mais laisse derrière lui une armée d’habitudes et d’objets frappés d’amnésie technologique.

Et si la véritable modernité résidait dans la faculté à jongler – entre mastodontes régulateurs, discounts à durée limitée, écosystèmes fermés et promesses sans lendemain ? Il y a là un goût amer de déjà-vu : le streaming, jadis libérateur, recrée un paysage aussi verrouillé que le câble ; les gadgets censés simplifier la vie rendent leurs possesseurs plus anxieux que jamais de rater la bonne affaire ; la manivelle Playdate suscite une émotion collective là où mille Tiktoks “M2” brouillent la notion même de communauté.

Au bout du compte, la techno 2025 ne cause plus de rupture mais de glissade : on s’enfonce d’un Prime Day à l’autre dans le syndrome de la possession temporaire, du confort conditionnel et de l’offre limitée. Alors que l’Europe, le marché et nos habitudes tirent chacun sur la couverture numérique, la seule question qui vaille reste peut-être : qui tient encore la manivelle – et à quoi sert-elle, lorsqu’on finit tous par streamer la même lune changeante, mais jamais d’un même regard ?

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