En 2024, face à l’explosion de l’IA dans le domaine public, une question persiste : qui va véritablement révolutionner la gestion des politiques publiques à l’ère du numérique ? Alors qu’OpenAI captivait le monde avec ChatGPT, Joe Scheidler et Joseph Farsakh étaient, dans l’ombre de Washington, à l’origine d’une nouvelle mission : repenser le fonctionnement de la politique publique grâce à l’IA. Mais à quel prix, et pour quels véritables changements ?
Leur expérience en cybersécurité à la Maison-Blanche et en négociation internationale les a-t-elle convaincus que les pratiques actuelles, souvent artisanales et bricolées entre feuilles Excel et mémoire institutionnelle, ne suffisaient plus ? L’intuition était claire : les outils natifs d’intelligence artificielle pouvaient devenir le nouvel atout d’un secteur où chaque décision a des conséquences lourdes. Mais Helios n’est-il pas en train de promettre l’impossible dans un univers où la rigueur et la sécurité priment avant tout ?
L’ambition a pris forme avec l’arrivée de Brandon Smith, expert en machine learning ayant travaillé chez Microsoft et Datadog. Avec quatre millions de dollars récoltés en seed funding, Helios sort enfin de l’ombre, dévoilant un premier produit : Proxi, une plateforme IA en version bêta destinée aux acteurs de la politique publique, des services juridiques et de la conformité, jusqu’aux agences gouvernementales et grosses entreprises privées. Peut-on vraiment automatiser et sécuriser tous les processus sensibles de ces milieux ?
Helios parie sur une transformation radicale du secteur public via des agents IA, mais la confiance du marché suivra-t-elle ?
Proxi se veut tout-en-un : un agent conversationnel pour surveiller en permanence le paysage réglementaire, un assistant d’écriture collaboratif, un instrument d’analyse de données à large échelle et un outil CRM pour cartographier les parties prenantes. Est-ce une réelle avancée, ou une simple tentative de centralisation dans un secteur déjà méfiant envers la technologie ? Scheidler affirme employer les normes de cryptage les plus élevées pour rassurer notamment les clients fédéraux — mais les certifications suivront-elles ?
Sur le terrain, Helios préfère miser sur le long terme : développement patient, recueil minutieux des retours d’expérience, avant toute course effrénée vers la monétisation. L’ambition ? Devenir le synonyme des interactions entre acteurs publics et privés, rien de moins. Cette stratégie prudente peut-elle rivaliser avec des géants comme Palantir ou OpenGov, quand la rapidité d’adoption fait la différence dans la tech ?
Ce positionnement interpelle. Helios vise-t-il la disruption dans un secteur englué dans la tradition et le risque zéro ? Ou l’entreprise sera-t-elle condamnée à se heurter à la lourdeur bureaucratique et à l’inertie du système ? Scheidler affiche son optimisme, citant la valorisation de Palantir comme preuve de l’importance du marché. Mais Helios possède-t-elle vraiment la recette magique pour devenir l’indispensable partenaire technologique du secteur public ?
Face à ces interrogations, une certitude émerge : la transformation numérique est en marche dans la sphère publique. Mais au-delà des promesses et des levées de fonds, quel acteur sera LE moteur du changement attendu ? L’IA peut-elle réellement réinventer la prise de décision publique, ou ne sommes-nous qu’au début d’une (longue) transition ?
Source : Techcrunch




