Que se cache-t-il réellement derrière l’entrée en bourse spectaculaire de Firefly Aerospace, cette startup spatiale qui fait parler d’elle depuis la réussite de son alunissage commercial ? Si l’on en croit les chiffres impressionnants, la société a multiplié les succès ces derniers mois. Mais faut-il prendre pour argent comptant cette envolée fulgurante ou rester sur ses gardes face à un secteur où la lumière des projecteurs peut parfois masquer la réalité des comptes ?
Aucun détail sur le nombre d’actions offertes ni sur la fourchette de prix pour ce futur IPO. Est-ce un simple effet d’annonce ? Le document S-1, remis à la SEC, révèle certes une entreprise qui ambitionne haut, mais dont l’évaluation finale reste floue. Pourquoi cette opacité ? Est-ce une stratégie pour susciter l’attente, ou une manière de temporiser face à une valorisation incertaine dans un secteur qui a vu bien des déconvenues récentes après la mode des SPACs ?
Côté finances, les chiffres sont saisissants, mais pas dans le sens espéré : 176,9 millions de dollars de cash en main pour survivre “au moins” un an, selon Firefly, mais aussi 173,6 millions de dettes, dont un prêt à 13,87 % d’intérêts ! Cette équation dangereuse fait-elle planer un risque sur l’avenir au moment même où la société attire les regards ? Les fruits du futur IPO serviront en priorité à rembourser ce lourd fardeau. Simple bouffée d’oxygène, ou début d’une fuite en avant ?
Firefly accumule les contrats et les commandes mais pourra-t-elle transformer la promesse en rentabilité durable ?
Car la croissance, pour l’instant, brûle du carburant à vitesse grand V : des revenus passés de 8,3 à 55,8 millions de dollars en un an, essentiellement grâce à des missions lunaires (Blue Ghost), mais presque autant de dépenses pour assurer l’activité. Résultat : un maigre profit brut de 2,2 millions, dilué par un déficit annuel de plus de 231 millions de dollars. Comment Firefly peut-elle promettre “rien que de la croissance” alors que les pertes s’accumulent trimestre après trimestre ? Les investisseurs doivent-ils craindre le mirage d’une industrie spatiale qui cristallise toutes les attentes ?
L’entreprise met en avant ses atouts : un carnet de commandes record de 1,1 milliard de dollars, des partenariats avec des géants comme Northrop Grumman ou Lockheed Martin, et le lancement imminent du vaisseau de transfert Elytra. Mais ces perspectives suffiront-elles à rassurer face à une structure de gouvernance verrouillée par le fonds AE Industrial Partners, qui compte bien conserver la main, quitte à s’affranchir du contrôle traditionnel des actionnaires sur le Nasdaq ?
Dans ce contexte, Firefly espère apporter un vent frais sur les marchés, alors que le secteur spatial a enchaîné les désillusions boursières. Son inscription sous le symbole $FLY pourrait relancer l’intérêt pour une industrie en quête de croissance… à condition de ne pas reproduire les erreurs du passé. Mais le rythme des entrées en bourse s’accélère, comme l’a montré Voyager Space et son Starlab, déposé le mois dernier. S’agit-il d’un vrai changement de paradigme, ou d’une nouvelle bulle ?
Le grand public doit-il se laisser séduire par la conquête spatiale… ou prendre du recul face à un marché aussi spéculatif qu’incertain ?
Source : Techcrunch




