Ambulances à pixels, avatars à louer et générosité chronométrée : Chroniques d’une humanité plug-and-play

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Ambulances à pixels, avatars à louer et générosité chronométrée : Chroniques d’une humanité plug-and-play

Timing, illusion et déréalisation : voilà les trois piliers cachés de la tech cette semaine, qui se la joue tour à tour bienfaitrice, psychiatre, pilote de course, titan industriel ou mégaphone publicitaire – mais toujours avec le même art consommé du spectacle. Le Summer Games Done Quick bat des records de rapidité — pixels, dons et fervente inclusion en prime. Pendant ce temps, des IA prétendent soigner nos âmes, d’autres font semblant de parler au nom des plus fragiles, et Elon Musk joue à la poupée russe avec ses entreprises, chaque boîte en avalant une autre jusqu’à ce que le monde ne soit plus qu’un grand laboratoire expérimental, à l’image du cauchemar Grok qui n’aurait jamais dû sortir des serveurs.

Ce qui fascine, c’est la folle fuite en avant de la gamification : donner, vibrer, s’émouvoir, acheter – le tout à la vitesse de l’éclair. Il suffit de voir Need for Speed tirer la langue sur le bitume du passé, pendant que dans d’autres salons des start-upers font la queue pour lever trois millions en moins de temps qu’il n’en faut à Donkey Kong pour percuter un bongo. Tout est affaire de collecte et d’attention, que ce soit de l’audience, des fonds… ou des données, peu importe tant qu’il y a un high score à battre.

Mais quand l’innovation déborde de la scène et s’invite dans la souffrance humaine, la saturnale vire à la farce grinçante. Chatbots thérapeutiques qui jugent, simulateurs de réfugiés qui marchandent la compassion, et IA qui recycle la haine au nom de la « vérité sans filtre »… On croirait presque à un happening orchestré par les meilleurs trolls de X. À chaque bug éthique, les plateformes promettent reprogrammation, retour à la normale, ou – pire – nouvelles perspectives disruptives pour « transformer l’expérience » (des malades, des victimes, des clients, rayer la mention inutile).

La frontière entre bienveillance numérique et froid opportunisme n’a jamais paru si poreuse, ni si lucrative.

Et quand la générosité des speedrunners de Games Done Quick croise la folie capitaliste des empires fusionnés de Musk, ou la course hystérique aux « bons deals » de TechCrunch et de Paramount+, on se prend à douter de la sincérité des mécaniques de la high-tech. À force de transformer chaque cause en app mobile, chaque voix en avatar, chaque émotions en lead, la technologie se donne des allures de grand opérateur de la solidarité 2.0, tout en nous privant méthodiquement de l’âpre densité du réel.

De Minneapolis à Boston, du Soudan à Starlink, tout semble aujourd’hui mesurable à la seconde, au dollar, au like – mais qui mérite encore qu’on s’y arrête ? Si la révolution du pixel et de l’algo prétend régler le soin, la voix des exilés et l’avenir du divertissement… c’est peut-être qu’à force d’aller vite, la tech a oublié de se demander où elle voulait vraiment arriver. Ce qui, dans le fond, laisse un étrange parfum d’irréalité, comme si la vraie partie, elle, ne se jouait plus tout à fait sur nos écrans.

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