Lune noire sur la Tech : Chronique d’une pénurie algorithmique annoncée

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Lune noire sur la Tech : Chronique d’une pénurie algorithmique annoncée

Entre la lune qui disparaît dans le ciel par caprice orbitale, les Switch 2 introuvables qui transforment chaque rayon de supermarché en escape game, et l’intelligence artificielle qui résume nos conversations sans les lire (promis, juré, craché, main sur le cloud !), la techno du quotidien n’a jamais autant flirté avec la magie noire – ou pire, avec l’art de la fuite bien calculée. La nouvelle religion, c’est l’opacité algorithmique. Les produits, comme la lune, nous content surtout une chose : nous ne sommes toujours que les spectateurs d’un spectacle qui nous échappe… et dans lequel c’est la rareté et le bug qui font vibrer la communauté.

Regardez donc cette grande pièce de théâtre qu’est notre maison intelligente. À peine avons-nous branché une prise connectée ou acheté une coque de recharge Belkin pour protéger notre Switch (qu’on n’a pas), voilà que l’arbitraire du tarif douanier américain ou la course absurde pour obtenir un exemplaire font basculer notre rapport à la technologie dans l’irrationnel. Ce n’est plus l’intelligence de l’objet qui prime, mais le théâtre de son accès – et la monétisation de chaque interstice (oui, même la prise qui devait vous simplifier la vie vous facturera son passage à l’ère Trump, source : ici).

Mais l’expérience utilisateur, dans tout ça ? Entre IA omniprésente mais jamais responsable (lisez la saga des dérives IA de Facebook), promesses de confidentialité sur WhatsApp qui ne résume rien pour personne sauf vous (ouf !) (résumé IA WhatsApp), et modération délirante appuyée par des algorithmes en roue libre, le citoyen numérique d’aujourd’hui n’a plus qu’à attendre dans la file, impuissant mais fasciné, que l’IA veuille bien lui ouvrir la porte de son propre salon. La confiance vacille : la faille n’est plus technique, elle est humaine, sociale, politique. Le progrès, lui, ressemble de plus en plus à une lune noire : visible dans le calendrier, mais absente du ciel.

Au sommet de la pyramide techno, l’utilisateur attend – la tête levée vers une lune invisible, les bras ballants devant les rayons vides, l’œil rivé sur une notification qui ne viendra pas toujours.

Et c’est sans parler de l’apprentissage collectif de la frustration organisée. Les grandes marques, qu’elles s’appellent Nintendo, Facebook ou Signify, orchestrent le manque, la panne ou le bug comme des rituels d’initiation. Il ne s’agit plus seulement d’innover, mais de savoir gérer l’attente, transformer le raté en engouement, le défaut de stock en « expérience utilisateur » (au sens étymologique du terme : patience, fierté d’avoir survécu, parfois colère communautaire, souvent résignation). La technologie semble de plus en plus penser que la meilleure façon de fidéliser, c’est de décevoir… mais avec panache !

L’ère de l’assistant IA, du gadget protecteur, de la domotique grand public ou du robotaxi approximatif ne se caractérisera donc pas tant par ses prouesses techniques que par sa capacité à raconter – ou à censurer – la complexité du réel. La prochaine rupture ne sera pas qu’une question de puissance de calcul ou de design épuré : sera-t-on capables de concevoir une technologie qui assume ses modes d’accès, ses caprices, et, osons le mot, ses échecs ? Pas certain – mais une chose est sûre : ceux qui maîtriseront l’art du manque deviendront les magiciens du futur. Et gare aux utilisateurs qui, à force de regarder la lune, finiront par oublier qu’elle fait aussi parfois la grève… silencieuse, mais totale.

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