Que cherche vraiment Jack Dorsey à changer dans le monde numérique avec sa nouvelle offensive vers l’open source ? Plutôt que de s’éloigner discrètement de la scène technologique, l’ancien PDG de Twitter revient sur le devant de la scène avec une série d’initiatives étonnantes. Mais quels objectifs poursuit-il réellement à travers ce nouvel engagement philanthropique et cette série d’applications inédites ?
En injectant 10 millions de dollars, via sa fondation StartSmall, dans un collectif baptisé « and Other Stuff », Jack Dorsey ne se contente pas de soutenir la technologie open source : il s’attaque à la structure même du web social. Pourquoi ce choix maintenant ? S’agit-il de défis techniques, de lutte d’influence, ou du simple désir de réparer ce qu’il estime avoir raté chez Twitter ? Les applications Bitchat, qui permet de communiquer via Bluetooth hors connexion, et Sun Day, un outil de suivi de l’exposition aux UV, incarnent-elles un simple coup de pub, ou sont-elles les prémices d’une réinvention du web social ?
Le collectif qu’il finance ne se limite pas à bricoler des apps originales. Leur ambition dépasse la création d’outils : ils veulent transformer Nostr, ce protocole décentralisé encore obscur, en un écosystème pérenne. Mais comment espèrent-ils rivaliser avec les mastodontes centralisés et convaincre les internautes de quitter leurs habitudes ? Et surtout, l’ouverture et la décentralisation sont-elles suffisantes pour bâtir une alternative grand public, ou est-ce une vision naïve ? Dorsey semble vouloir naviguer entre rêve d’un web libre et les écueils déjà rencontrés par Bluesky ou Twitter.
Jack Dorsey souhaite placer l’open source au cœur de l’avenir du numérique, mais la véritable révolution viendra-t-elle de ses choix ?
Parmi les projets, on retrouve aussi bien des outils pour développeurs, comme Shakespeare, à base d’IA, que des applications sociales (heynow, White Noise, +chorus). La diversité de ces projets prouve-t-elle l’agilité du collectif ou témoigne-t-elle d’un manque de vision claire ? Faut-il y voir une stratégie d’expérimentation tous azimuts, ou une urgence ressentie d’explorer ce que les géants du web n’osent plus développer ?
Le parcours de Dorsey n’a rien d’un long fleuve tranquille. Après avoir tenté de transformer Twitter en standard ouvert, puis après la scission du projet Bluesky dont il est aujourd’hui critique, veut-il écrire une revanche face à des plateformes centralisées qui, selon lui, reproduisent sans cesse les mêmes erreurs ? Peut-on vraiment créer une plateforme sociale ouverte sans céder à la pression des investisseurs et publicitaires ? Les échecs passés de Twitter dessinent-ils l’avenir des réseaux de demain ?
S’appuyant sur les voix de développeurs influents, comme le créateur de Cashu ou le premier employé de Twitter, le collectif mise tout sur la collaboration et une gouvernance plus transparente. Mais comment survivre dans un monde dominé par la rentabilité rapide et les intérêts privés ? La philosophie calquée sur le modèle de Bitcoin, « ouvert et sans propriétaire », est-elle viable pour les réseaux sociaux ?
Alors, Dorsey mise-t-il sur le bon cheval avec cette offensive open source, ou assiste-t-on à la dernière utopie du web face à des géants qui imposent leur modèle économique ? Finalement, la vraie question est :
le web social a-t-il encore une chance d’appartenir à ses utilisateurs ?
Source : Engadget




