Meta est-elle sur le point de transformer non seulement son image, mais aussi le paysage de l’intelligence artificielle à une échelle inédite ? Avec une annonce fracassante d’investissements massifs dans l’infrastructure IA, la société intrigue : jusqu’où ira Mark Zuckerberg pour dominer la prochaine révolution technologique ?
En déclarant vouloir augmenter ses dépenses d’investissement jusqu’à 72 milliards de dollars en 2025 — soit 30 milliards de plus que l’année précédente — Meta prend un pari risqué mais fascinant. Cette volonté affichée de construire des data centers et des clusters titanesques est-elle vraiment soutenable ? Quels sont les impacts de cette stratégie, et à quel prix humain et environnemental s’opère ce changement de cap ?
Du côté de Susan Li, directrice financière, le ton est limpide : « Nous croyons que le développement d’infrastructures IA de pointe sera un avantage décisif. » Pourtant, pourrait-on envisager que cette course effrénée à la puissance de calcul ne cache pas aussi une certaine anxiété face à la concurrence de Google, Microsoft ou OpenAI ? D’ailleurs, Meta explore déjà des alliances avec des partenaires financiers. Faut-il voir ici une crainte de surestimer ses capacités ou simplement une agilité stratégique ?
En investissant dans des superclusters pouvant consommer l’énergie de villes entières, Meta bouleverse-t-elle l’équilibre entre progrès technologique et responsabilité sociale ?
Prometheus, en Ohio, et Hyperion, en Louisiane, sont des noms qui font déjà trembler la Silicon Valley. Lorsque Hyperion atteindra 5 gigawatts, sera-t-il encore possible de parler de data centers classiques, ou a-t-on affaire à de véritables monstres énergétiques ? La population locale commence à s’inquiéter, des pénuries d’eau ont même été signalées en Géorgie. Que se passera-t-il si ces « fermes » prolifèrent ? N’y a-t-il pas là un risque inédit pour l’accès aux ressources vitales des communautés voisines ?
La promesse ne concerne pas que les machines : Meta investit tout autant dans la « matière grise », recrutant à prix d’or ingénieurs et chercheurs pour sa nouvelle unité Superintelligence Labs. Mais la vision de Zuckerberg de « superintelligence personnelle » trouve-t-elle un écho face aux préoccupations sur l’ouverture du code source de ses modèles IA ? L’accès sera-t-il réservé à quelques privilégiés bardés de lunettes connectées ou la technologie profitera-t-elle réellement à tous ?
Derrière la flambée du cours de bourse (+10 % après l’annonce !) et les revenus florissants, ce sont surtout les outils publicitaires boostés par l’IA qui engrangent des milliards. Cependant, le pôle Reality Labs, dédié à la réalité virtuelle, continue d’essuyer des pertes importantes. Le futur rêvé d’une intelligence personnalisée sera-t-il financé par le secteur publicitaire plutôt que par l’innovation pure ? Quelles conséquences pour la diversité des usages et des bénéficiaires ?
Meta semble déterminée à faire de sa domination technologique un argument pour attirer investisseurs comme talents de premier plan. Mais où s’arrêtera cette dynamique ? La société trouvera-t-elle un équilibre entre expansion rapide, éthique et acceptabilité sociale ? Les prochaines années risquent de poser des questions inédites, tant pour les citoyens que pour les régulateurs…
Alors, la mégalomanie technologique de Meta servira-t-elle le bien commun ou renforcera-t-elle, au contraire, les inégalités et tensions déjà palpables autour des ressources et de l’accès à l’IA ?
Source : Techcrunch




