Pourquoi l’Ohio s’oppose-t-il autant à la vente directe de véhicules électriques, alors que d’autres États laissent déjà les consommateurs choisir ? La question résonne avec force depuis la plainte déposée ce lundi par Rivian. Le constructeur automobile de véhicules électriques souhaite briser les chaînes d’une réglementation qu’il juge obsolète, en attaquant l’État d’Ohio en justice pour pouvoir vendre directement ses voitures aux consommateurs.
Derrière cette nouvelle bataille judiciaire, se cache-t-il seulement un conflit d’intérêts entre des entrepreneurs innovants et un lobby de concessionnaires bien installés ? Aujourd’hui, Rivian, comme nombre de nouveaux venus sur le marché automobile américain, argumente que l’interdiction actuelle prive les consommateurs non seulement de choix mais aussi de meilleurs prix. Selon les avocats de Rivian, rien ne justifie que l’Ohio bloque l’accès à une concurrence accrue et une expérience client modernisée en limitant la vente directe.
Le cas de Rivian n’est pas isolé. La firme rappelle que 25 États ainsi que Washington D.C. autorisent déjà la vente directe de ses véhicules électriques. Pourtant, dans l’Ohio, un texte voté en 2014 coupe court à toute tentative de nouvelles arrivées sur le marché des ventes directes, sécurisant néanmoins une “exception Tesla” qui peut, elle, vendre librement grâce à son ancienneté sur le terrain. Une simple coïncidence ou la preuve de la force du lobbying de l’Ohio Automobile Dealers Association ?
La lutte pour la vente directe devient le symbole d’une opposition entre innovation et statu quo dans l’automobile américaine.
Comment explique-t-on que Rivian, pourtant autorisée à vendre en Illinois ou à contourner des restrictions dans certains États voisins, reste empêchée en Ohio ? Selon Mike Callahan, le directeur administratif de Rivian, cette interdiction “archaïque” piétine les principes mêmes du marché américain, en écartant la concurrence directement au détriment des citoyens de l’Ohio. Et pourtant, dans le même souffle, Tesla continue, elle, à vendre sans entrave depuis plus d’une décennie, profitant d’un passe-droit législatif qui laisse les autres concurrents sur le carreau.
La justice donnera-t-elle raison à Rivian ? Rien n’est moins sûr. La société a déjà remporté cette bataille dans l’Illinois, alors que Lucid Motors, autre acteur majeur, a échoué pour l’instant dans sa lutte similaire au Texas. Les enjeux juridiques dépassent-ils le seul domaine automobile, s’étendant à la capacité des États à protéger certaines industries au détriment du progrès technologique ?
La question de la vente directe touche aussi aux valeurs fondamentales de l’économie américaine : le choix du consommateur sera-t-il sacrifié sur l’autel de l’ancien système ? Ou bien les tribunaux finiront-ils par imposer une remise à plat des procédures, en autorisant enfin une concurrence équitable sur ce marché neuf ?
Finalement, cette lutte de pouvoir entre constructeurs innovants et réseau traditionnel de concessionnaires traduit-elle une crainte de disparition ou la volonté de ralentir une inéluctable modernisation ? L’Ohio, comme d’autres États, saura-t-il évoluer sous la pression de ses citoyens et de la justice ? La prochaine décision viendra-t-elle ouvrir la voie à tous les Rivian de demain ?
Source : Techcrunch




