« Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? » Voilà une devise qui semble avoir guidé Henrik Fisker, le designer superstar devenu entrepreneur dans la voiture électrique, sur la route sinueuse de sa société éponyme. Fisker rêvait d’un empire de SUV électrisés, mais la réalité s’est vite chargée de transformer son Ocean… en naufrage industriel.
Tout avait pourtant commencé par une belle vague d’optimisme. En 2023, Fisker sort son Ocean SUV, prêt à surfer sur la crête du marché des EV. Sauf que dès les premiers kilomètres, les soucis mécaniques et logiciels font surface plus vite qu’un clignotant de warning. Problèmes de freins, pertes d’alimentation, portes récalcitrantes : l’Ocean accumule les galères, au point d’attirer l’attention des régulateurs américains pour enquêtes de sécurité à répétition et forcer une pause de la production. Ambiance Titanic pour un projet qui se voulait Titanic… version box-office, pas épave !
Pour renflouer ses caisses en perdition, Fisker multiplie les stratégies : ventes de dettes transformables, coupes drastiques dans les effectifs, objectifs de ventes révisés à la baisse plus souvent que la météo bretonne, et une chasse éperdue à de nouveaux investisseurs. La marque tente même de changer de cap en passant du tout-Internet à un modèle de concessionnaires plus classique — comme quoi, même un pionnier de la mobilité digitale n’est jamais à l’abri d’un petit retour aux vieilles méthodes quand ça chauffe.
Une startup peut bouleverser l’industrie auto, mais même la plus brillante idée ne survit pas sans procédures… ni frein efficace.
Las, tout s’effondre quand les capitaux s’évaporent et qu’un possible sauvetage industriel — coucou Nissan — capote. S’en suit la liste noire des galères : trading suspendu à la bourse de New York, argent des clients égaré dans la nature (livrer sans encaisser, l’innovation à l’envers !), et un nombre de rappels croissant. Mention spéciale à l’Ocean qui part tout seul en balade grâce à ses « rollaways », ou qui s’invente une vie de sapin de Noël avec l’alerte des warnings qui clignotent à tort et à travers.
Résultat ? En 2024, dépôt de bilan façon Chapter 11, puis liquidation et ventes des derniers stocks à prix discount. Henrik et Geeta Fisker jouent les salariés low-cost à 1$ symbolique pendant que le justice orchestrent la vente minute de la flotte restante et des actifs éparpillés sur deux continents. Même la gestion des rappels tourne à la valse hésitation : qui doit payer quoi, quand et comment ? Les avocats s’écharpent pendant que les clients se grattent la tête devant des SUV qui deviennent collector sans le vouloir.
Cerise sur le capot, la SEC (le gendarme de la bourse) et le DOJ (la justice américaine) s’invitent à la fête, lancent leurs investigations, pendant que le siège social est retrouvé abandonné comme après une apocalypse… de bureau. Dommage, la fondation caritative du couple Fisker n’aura pas eu plus de succès, sentant la fin venir et disparaissant dans la discrétion en 2025 (tout comme, finalement, leur aventure entrepreneuriale).
La saga Fisker montre que le génie créatif et la hype ne font pas tout. L’automobile, c’est beaucoup d’ingénierie, de procédures et… de robustesse, surtout quand il s’agit de freiner à temps. À vouloir révolutionner l’industrie à toute berzingue, on risque de finir, comme Fisker, à vendre ses rêves au kilo… pour 14 000 dollars pièce !
Et pour clore — une dernière pour la route : chez Fisker, ce sont les breaks qui n’ont jamais freiné… Bon, la blague était facile, mais après tout, c’est l’esprit startup.
Source : Techcrunch




