Quel est le pari secret de Toyota : l’innovation technologique ou une mainmise audacieuse sur les prochaines révolutions industrielles ? Si la firme japonaise jouit d’une réputation solide dans l’automobile, comment s’assure-t-elle d’être incontournable dans l’écosystème des startups à l’ère de l’IA, de la mobilité verte et de l’industrie automatisée ?
Ce mardi, Toyota a annoncé un investissement de 1,5 milliard de dollars pour soutenir tout le cycle de vie des startups, des idées embryonnaires jusqu’aux entreprises matures. Mais derrière ce chiffre impressionnant, que révèle ce nouvel appétit pour le risque et la disruption ? Et quel rôle pour la mystérieuse “Woven City”, la ville-laboratoire au pied du mont Fuji, devenue terrain de jeu pour ces jeunes pousses technologiques ?
Dans le détail, Toyota a présenté deux instruments : la création de la filiale Toyota Invention Partners Co. dotée de 670 millions de dollars, et un deuxième fond de 800 millions via Woven Capital destiné aux startups en phase de croissance. Ce dispositif s’éloigne des modèles classiques d’investissements à durée fixe : la filiale japonaise, centrée sur les startups nationales, s’inscrit dans un temps long, pouvant accompagner un projet pendant 30, 40, voire 50 ans. Toyota pose ainsi les jalons d’un nouveau modèle, capable d’épouser le rythme de l’innovation disruptive.
Toyota ne se contente plus de suivre les innovations : le groupe veut en être l’architecte à tous les stades, de l’idée à l’industrialisation.
George Kellerman, associé chez Woven Capital, clarifie la stratégie : Toyota Invention Partners vise la toute première étincelle, Toyota Ventures soutient l’amorçage, et Woven Capital propulse la croissance. Mais la firme ne s’arrête pas là : elle pourrait accompagner une startup jusqu’à la maturité, voire l’intégrer pleinement à ses activités. Est-ce un signe que Toyota espère devancer la concurrence en internalisant la crème des innovations ?
La matérialisation de ce dispositif est visible avec Machina Labs, une startup californienne spécialisée dans la fabrication avancée, fruit d’un investissement de Woven Capital et d’un partenariat pilote avec Toyota Amérique du Nord. L’objectif ? Tester la fabrication automatisée de panneaux métalliques pour les véhicules. Mais jusqu’où ira cette alliance entre géants industriels et jeunes entreprises innovantes ?
Woven Capital, déjà doté de 800 millions depuis 2021, revendique 18 investissements majeurs dans l’IA et les véhicules autonomes. Le deuxième fonds – du même montant – ciblera dorénavant 20 à 25 entreprises mondiales prêtes à changer la donne dans l’intelligence artificielle, l’automatisation, l’énergie ou la durabilité. Est-ce l’annonce d’une bataille plus féroce pour capter les talents et s’imposer comme un leader de demain dans bien d’autres domaines que l’automobile ?
Au total, ce sont plus de 3 milliards de dollars engagés par Toyota pour façonner à sa manière les contours du monde industriel et numérique de demain. Un investissement record, certes, mais la question demeure : dans un secteur où la compétition mondiale s’intensifie, Toyota parviendra-t-elle à transformer ce pari audacieux en domination technologique durable ?
Source : Techcrunch




