Les robots émotionnels peuvent-ils vraiment améliorer nos vies ? Alors que les applications alimentées par l’IA envahissent nos smartphones, la startup First Voyage lance Momo, un animal de compagnie virtuel dédié au bien-être et à la productivité. L’idée est simple : et si, au lieu de subir un flot de contenus générés par l’IA, nous utilisions cette technologie pour ancrer de nouvelles habitudes positives ? Mais peut-on vraiment faire confiance à un compagnon numérique pour transformer nos routines ?
Momo, c’est plus qu’une peluche virtuelle à choyer sur son téléphone. En récompensant les utilisateurs avec des « pièces » à chaque tâche accomplie – qui servent ensuite à personnaliser l’animal – l’application rend la construction de nouvelles habitudes presque ludique. Mais la récompense est-elle suffisante pour maintenir la motivation sur le long terme ? Ne sommes-nous pas en train de remplacer une dépendance numérique par une autre, avec cette impression de bien-être gamifié ?
Selon Besart Çopa, cofondateur et PDG, Momo aide les gens à devenir la meilleure version d’eux-mêmes, tout en acceptant la réciprocité : l’utilisateur doit, lui aussi, prendre soin du compagnon virtuel. Plus de 2 millions de tâches ont déjà été créées par les utilisateurs, révélant un intérêt marqué pour la productivité, la spiritualité et la pleine conscience. Mais que cache cette ruée vers l’auto-amélioration ? S’agit-il d’un besoin profond de connexion – ou simplement d’une nouvelle tendance technologique ?
L’essor des compagnons virtuels nous pousse à interroger la frontière entre aide psychologique et dépendance artificielle.
Certes, le marché du bien-être numérique explose, mais il n’est pas sans inquiétude. Entre la prolifération d’IA conversationnelles et les dérives signalées par certains experts, la multiplication de compagnons “intelligents” soulève de sérieuses questions d’éthique. La compagnie veille donc à sécuriser les échanges avec des filtres et des garde-fous, mais le risque d’ »accoutumance » ou d’interactions inappropriées reste latent. Peut-on garantir que la santé mentale des utilisateurs restera préservée dans cette relation hybrides ?
L’investissement récent de 2,5 millions de dollars devrait permettre à First Voyage d’étendre son offre à Android et de muscler l’intelligence de Momo. L’ambition est grande : créer une marque capable de rendre l’IA, l’animation et la gamification bénéfiques pour un large public. Mais un assistant numérique aussi attachant soit-il, peut-il réellement remplacer le contact humain et transformer durablement nos comportements ? Ou assisterons-nous à l’émergence d’une génération ultra-dépendante à ces compagnons artificiels disponibles à toute heure ?
Dans ce marché en pleine expansion, alors que les fondateurs se réjouissent de voir l’IA s’attaquer au bien-être plutôt qu’aux pulsions les plus basiques, la prudence est de mise. Sommes-nous réellement en train d’assister à l’avènement d’une nouvelle ère d’accompagnement éthique et constructif – ou sommes-nous les cobayes d’une expérimentation à grande échelle dont nul ne maîtrise encore les limites ? De quoi repenser notre rapport à l’IA… et à nous-mêmes.
Au fond, à force de déléguer notre bien-être à des assistants virtuels, ne risquons-nous pas de perdre notre capacité à prendre soin de nous… sans interface pour nous tenir la main ?
Source : Techcrunch



