IA-tout-faire : la société du service auto-magique, ou la playlist de nos renoncements ?

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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IA-tout-faire : la société du service auto-magique, ou la playlist de nos renoncements ?

Qui aurait cru que la playlist de nos vies serait concoctée non plus par nos souvenirs, mais par les frasques d’IA musicales sur YouTube Music? Voilà que les anecdotes sur nos tubes préférés ne sortent plus de la bouche d’un pote un peu lourd, mais de quelque chose – ou plutôt quelqu’un? – qui ne dort jamais, ne juge pas, et compile nos hontes musicales dans une base de données. L’innovation n’a plus d’innocence : l’humain, l’artiste, l’auditeur, tout le monde passe sous la moulinette du code.

Parlons de code. Car pendant que YouTube s’amuse à faire swinguer l’intelligence artificielle, un autre prétendant souhaite démocratiser la baguette magique numérique : Lovable, étoile (ou mirage) des plateformes de programmation assistée par IA. Ici aussi, c’est la promesse d’un monde où chacun, du PDG au gamin amateur de Minecraft, peut proclamer : « je l’ai fait ! » Sauf que, entre croissance suspecte et failles de sécurité, Lovable rappelle que l’empire du code facile a aussi ses sables mouvants. Après tout, quoi de plus ironique qu’un outil conçu pour libérer se mue en piège viral, surveillé par les géants qui le nourrissent ?

Cette obsession de tout automatiser, du DJ à l’achat compulsif, trouve son apogée dans la fusion impie entre PayPal et ChatGPT. Là où autrefois il fallait – hélas ! – quitter une conversation pour jeter son argent par les fenêtres, voici venir le paiement fusionné à nos bavardages, transformant chaque « Dis, tu connais… » en opportunité mercantile. La boucle est bouclée : l’IA qui nous fait chanter, l’IA qui code pour nous, l’IA qui allège la corvée du shopping… mais peut-on vraiment parler de progrès humain, ou simplement d’un circuit électronique fermé sur lui-même où la tentation n’a plus besoin d’être humaine pour être efficace ?

Quand l’innovation devient routine, c’est l’IA elle-même qui écrit la partition de notre quotidien, laissant à l’humain le rôle du choriste distrait.

Derrière l’apparente magie de la simplicité – la playlist sur-mesure, le code pour tous, le paiement invisible –, une même logique industrielle s’infiltre : transformer nos envies et nos erreurs en algorithmes prédictifs. Ce rêve d’assistanat permanent, où tout s’automatise sans douleur, finit par éroder l’effort – et peut-être la créativité même – qui faisait la noblesse de la découverte, du bricolage, du choix un tant soit peu difficile. L’équilibre vie pro-vie perso vanté par Lovable tient du vœu pieux, tant il est difficile de ralentir la machinerie quand elle a goûté nos profils certifiés.

La technologie s’offre à nous comme le miroir des passions modernes : nous adorons être enchantés, codés, servis – tant pis si le vrai frisson devient rare. Mais à trop danser avec les assistants, qui décidera encore de la prochaine chanson ? Peut-être qu’au bout du compte, la vraie nostalgie ne sera pas celle des tubes du passé, mais celle d’un monde où l’humain, au moins, avait le dernier mot.

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