Shein est de retour en Inde. Mais pourquoi cette résurrection intervient-elle cinq ans après que la plateforme ait été bannie en raison de tensions diplomatiques entre New Delhi et Pékin ? Le géant chinois de la mode rapide n’est-il pas en train de redéfinir sa stratégie, ou s’agit-il d’un jeu orchestré par Reliance pour conquérir le marché indien du commerce électronique ?
L’essor de l’application Shein India Fast Fashion, développée par Reliance Retail du milliardaire Mukesh Ambani, pourrait changer la donne sur le marché gigantesque qu’est l’Inde. Est-ce simplement une apparition furtive avant l’entrée en bourse tant attendue de Shein plus tard cette année, ou bien un mouvement stratégique visant à capturer une part du marché indien de la mode, déjà très disputé ?
Le retour de Shein en Inde marque un tournant, mais qui tient véritablement les ficelles ?
Cette relance de la plateforme sous des conditions strictes soulève des questions. En laissant Reliance aux commandes totales des opérations et des données, Shein n’est ici qu’un partenaire technologique. Peut-on parler alors d’une position solide pour le géant chinois ou d’une simple collaboration opportuniste et calculée ? La décision de stocker toutes les données clients en Inde et d’interdire l’accès à Shein est-elle une mesure justifiée de la part de l’Inde, ou simplement un prétexte pour assurer la domination locale ?
Reliance, bien que possédant le plus grand réseau de distribution du pays et étant le plus grand opérateur télécom indien, fait face à une concurrence acharnée de Flipkart, Amazon, Meesho et autres. Est-ce que l’incorporation de Shein dans leur écosystème digital via cette « aventure » partagée sera suffisante pour bousculer les leaders actuels sur un marché où Flipkart, par exemple, domine avec force le commerce de la mode ?
En offrant initialement des livraisons dans des villes clés telles que New Delhi, Bengaluru et Mumbai, Shein prévoit d’étendre sa portée à travers toute l’Inde. La stratégie sans frais de livraison représente-t-elle une attaque agressive pour capter l’attention des consommateurs ou est-ce simplement un appât pour s’assurer une base de clients fidèles ? Et qu’en est-il des produits, tous fabriqués et conçus en Inde : un coup de pouce sincère au secteur manufacturier indien, ou un moyen d’adoucir la rigidité de l’interdiction initiale des applications chinoises ?
Enfin, cette alliance inhabituelle sous haute surveillance semble être une exception notable dans le climat d’interdiction générale des applications chinoises en Inde, qui a frappé plus de 300 plateformes depuis 2020. Doit-on envisager cette collaboration comme le prélude à d’autres permis exceptionnels ou juste un concours de circonstances ?
Le ministre du Commerce, Piyush Goyal, a déclaré que l’ensemble du processus d’approbation impliquait une vérification poussée par plusieurs ministères, dont ceux de l’IT et de l’Intérieur. Tout cela a-t-il véritablement pour objectif de stimuler le secteur manufacturier textile indien tout en assurant une souveraineté stricte sur les données, ou cache-t-il des motivations bien plus complexes ?
Source : Techcrunch