Pourquoi les Américains — et les Canadiens — qui attendaient fébrilement de pouvoir acheter la nouvelle Nintendo Switch 2 doivent-ils encore faire preuve de patience ? Qu’arrive-t-il réellement derrière ce report inattendu des précommandes, alors même que la sortie officielle de la console reste fixée au 5 juin 2025 ? En plongeant dans les coulisses du lancement de la machine la plus attendue de Nintendo, on découvre que l’affaire est aussi politique qu’industrielle.
Quelques heures à peine après l’annonce très attendue d’une ouverture des précommandes pour le 9 avril 2025, un grain de sable s’est glissé dans le rouleau compresseur bien huilé du géant japonais. Nintendo a brutalement fait machine arrière. Pourquoi ? L’administration Trump vient de dévoiler de nouveaux tarifs douaniers visant les importations chinoises (et autres), bouleversant soudainement les plans logistiques de l’entreprise. Est-ce le commerce mondial, plutôt que la simple stratégie marketing, qui façonne désormais le calendrier des géants du jeu vidéo ?
Faute de vraie communication depuis ce retournement de situation, la rumeur gronde : certains insiders évoquent une possible ouverture des précommandes fin avril, sans que Nintendo n’ait confirmé la nouvelle. Difficile, dans ce contexte, de distinguer vérité industrielle et simple opération de « damage control ». Pendant ce temps, les joueurs nord-américains et canadiens scrutent les annonces des sites spécialisés, tandis que les constructeurs jonglent avec les incertitudes douanières. Quelle gymnastique ce contexte impose-t-il à Nintendo concernant ses choix de production et de distribution ?
Les enjeux autour de la Switch 2 dépassent le simple retard commercial : ils révèlent une bataille stratégique entre politique industrielle, logistique internationale et passion vidéoludique.
En réalité, la question des tarifs n’est pas neuve pour Nintendo. Depuis 2019, la marque a déjà délocalisé une partie de la fabrication de ses consoles du marché chinois vers le Vietnam, anticipation oblige. Un calcul payant alors que le tarif « réciproque » imposé au Vietnam a été temporairement gelé à 10 %, le temps d’une pause de 90 jours décrétée par la Maison Blanche – alors que, pour la Chine, les taxes pourraient grimper jusqu’à 245 % ! Peut-on imaginer un lancement américain de la Switch 2 avec un prix explosif ou bien, scénario inverse, à perte pour Nintendo ? Le géant japonais jouera-t-il la montre afin d’éviter d’éponger la taxe douanière ou sera-t-il obligé de passer à la caisse ?
Prudents, les fans américains n’auront pas qu’à braver les montagnes russes tarifaires. Pour ceux qui comptent passer par le site officiel de Nintendo, une multitude de critères s’appliquent : il faudra prouver sa fidélité en ayant un abonnement Switch Online de 12 mois et au moins 50 heures de jeu. Les vétérans de Zelda et Mario seront donc-ils les premiers servis – ou les grossistes comme Amazon, Best Buy, Walmart, GameStop rafleront-ils la mise à l’ouverture des ventes ? Que penser d’une telle « présélection » au sein d’une communauté a priori fidèle ?
Au-delà du casse-tête administratif et politique, la Switch 2 promet aussi d’alimenter les conversations sur ses nouvelles fonctionnalités : manettes Joy-Con totalement repensées (gyroscope, bouton C, mode souris intégré), écran plus grand et de meilleure définition, micro embarqué pour le chat en jeu… Nintendo joue-t-il un coup risqué en couplant une montée de prix à des innovations techniques qui restent à prouver sur le terrain ?
Alors, production optimisée, lancement retardé, répercussions possibles sur le prix final, bataille des distributeurs… Nintendo saura-t-il transformer ce feuilleton industriel et géopolitique en un nouveau triomphe mondial, ou ce tumulte révélera-t-il les limites de la toute-puissance d’un constructeur face aux marées de la politique internationale ?
Source : Engadget