Comment une série télévisée peut-elle surprendre ses spectateurs quand tout le monde pense déjà connaître l’histoire ? C’est la question que pose la deuxième saison de « The Last of Us » sur HBO. Inspirée par un jeu vidéo culte et réputée fidèle à son matériau d’origine, la série prend-elle vraiment des risques, ou se contente-t-elle d’enchaîner les scènes attendues ? Derrière l’adaptation, y a-t-il encore place à l’innovation ou à la subversion ?
Le second épisode de cette saison bouscule-t-il vraiment les règles du genre ? La série s’offre une bataille massive à Jackson Hole, inédite aussi bien à l’écran que dans le jeu vidéo d’origine. Avec des airs de « Game of Thrones » ou d’« Helm’s Deep », cette scène de siège met à l’épreuve les personnages face à une armée d’Infectés déchaînés. Pourquoi ce choix, alors que la saga nous a habitués à l’intime et à la tension psychologique ? N’y a-t-il pas là une volonté de répondre aux critiques sur la première saison, jugée avare en action pure ?
Au cœur de ce fracas, c’est la mort de Joel qui frappe de plein fouet. Était-ce évitable ? Devait-on s’y attendre dès les premières secondes de la saison ? Les créateurs auraient-ils pu faire durer le suspense autour de la vengeance d’Abby, ou même retarder la révélation de ses motivations, comme le jeu l’a fait pour manipuler notre empathie et nos jugements ? Beaucoup de fans du jeu considèrent déjà que la série dilue une partie de son mystère et de sa puissance émotionnelle en livrant trop vite les clés de ce double drame.
Le choc de la mort de Joel et la brutalité d’Abby redéfinissent-ils vraiment les codes de la série ou se contentent-ils de suivre une logique implacable ?
Ce qui choque ici, ce n’est pas seulement la brutalité de la scène, mais la vitesse avec laquelle l’univers bascule. HBO a-t-il pris un risque insensé en sacrifiant aussi tôt une star comme Pedro Pascal, figure devenue centrale dans la pop culture ? Est-ce un pari semblable à l’élimination de Ned Stark dans « Game of Thrones », destiné à déstabiliser le public et à faire monter Bella Ramsey en héritière du récit ? L’audace suffit-elle à relancer l’intérêt, alors que la star déserte l’écran bien avant la fin de la saison, ne laissant que quelques flashbacks ?
Dans l’arrière-plan, quels impacts ces choix ont-ils sur le public novice, qui découvre l’histoire sans l’ombre du jeu ? La trame gagne-t-elle en humanité et en effroi, ou perd-elle en surprise et en profondeur psychologique ? Ellie, contrainte de regarder, impuissante, la mort de Joel, est-elle destinée à devenir la nouvelle anti-héroïne tourmentée que chacun espérait ou redoutait ?
Le résultat, orchestré par Craig Mazin et Mark Mylod, flirte avec la prouesse. Les scènes de bataille, servies par des personnages secondaires enfin développés, offrent un spectacle à la hauteur des attentes. La tension entre action explosive et tragédie intime atteint-elle l’équilibre parfait ou, au contraire, risque-t-elle de détourner la franchise de ses racines narratives ? Les nouveaux venus — comme Kaitlyn Dever dans le rôle d’Abby — parviennent-ils à transcender leur modèle vidéoludique, ou restent-ils prisonniers d’un héritage trop lourd à porter ?
Reste une dernière interrogation : en promettant plus d’Infectés et des scènes spectaculaires, la série pourra-t-elle continuer à captiver sans trahir ou affadir l’essence qui a fait son succès auprès des joueurs et des spectateurs ?
Source : Engadget