Comment expliquer la frénésie autour de la sortie de la Nintendo Switch 2, alors que cela fait huit ans que les fans attendaient une nouvelle console ? Nintendo, pourtant aguerri à l’art du lancement, se dit lui-même « surpris » par l’ampleur de la demande. Plus de 2,2 millions de Japonais se sont rués sur les précommandes, espérant décrocher leur graal pour le 5 juin. Mais cette spéculation effrénée n’annonce-t-elle pas déjà les premiers couacs de disponibilités ?
Pourquoi Nintendo n’a-t-il pas anticipé cet emballement, alors que la Switch première du nom avait déjà cassé la baraque il y a quelques années ? Les gagnants de la loterie de précommande seront désignés dès demain au Japon. Et pour les autres ? Pas d’inquiétude, assure Nintendo : un second tirage est prévu. Pourtant, même cette solution ne pourra satisfaire tout le monde. Faut-il s’attendre à une pénurie dès le premier jour ?
Derrière les paillettes du marketing, la firme de Kyoto concède travailler d’arrache-pied pour renforcer sa chaîne de production. Mais la promesse de voir « des millions de Switch 2 inonder les rayons à l’avenir » suffira-t-elle à calmer des joueurs toujours plus impatients ? D’autant plus que d’autres enseignes lanceront aussi leurs précommandes très prochainement… Mais faudra-t-il, encore et toujours, jouer des coudes pour être servi en premier ?
La ruée vers la Switch 2 provoque une tension inédite et une course à la précommande qui rappelle les pires heures de la spéculation sur les consoles.
Ce déséquilibre flagrant entre l’offre et la demande risque-t-il d’encourager les scalpers, ces revendeurs opportunistes ? On se souvient des flambées de prix ayant touché la PS5 ou la Xbox Series X, dont les exemplaires s’arrachaient à plus de 1 700 dollars sur eBay ou Amazon. Les mini-consoles NES et SNES de Nintendo avaient connu le même sort, s’écoulant à plus du double du prix catalogue. Nintendo saura-t-il cette fois donner le coup fatal à ces spéculateurs ?
Aux États-Unis comme au Canada, les précommandes ouvriront le 24 avril, au prix maintenu de 450 dollars. Mais ce tarif, survitaminé par d’éventuelles pertes en raison des taxes commerciales américaines, sera-t-il finalement profitable à Nintendo ? Pourquoi la firme accepte-t-elle de vendre à perte sur certains marchés ? Cela incarne-t-il une stratégie offensive, ou bien un aveu d’impuissance devant la pression du public et du marché ?
Alors que les premières consoles n’arriveront qu’au compte-gouttes, combien de joueurs devront finalement ronger leur frein, risquant d’être tentés par des transactions hasardeuses sur le marché de l’occasion ? Au fond, pourquoi l’industrie du jeu vidéo, malgré ses milliards, échoue-t-elle à proposer des lancements sereins pour ses produits phares ?
Le lancement tumultueux de la Nintendo Switch 2 met une fois encore en lumière la difficulté pour les géants du secteur d’anticiper et de contrôler la passion (et la frustration) de ses fans. Verra-t-on, en 2024, le retour des files d’attente nocturnes devant les magasins et la surenchère sur les sites de seconde main, ou Nintendo saura-t-il enfin satisfaire la soif de nouveauté de ses fidèles ?
Source : Engadget