« On n’arrête pas le progrès, mais on peut toujours le mettre en mode avion. » Oui, l’heure n’est plus à griffonner sur le coin d’un vieux ticket de caisse, mais bel et bien à digitaliser nos pattes de mouche – ou, devrais-je dire, nos “notes manuscrites”. L’univers des tablettes à encre électronique, ces E Ink qui flattent nos rétines et notre ego de geek nostalgique, n’a jamais été aussi foisonnant. Entre ceux qui idolâtrent le papier et ceux qui jurent par le cloud, voilà enfin un compromis qui ne froisse personne, sauf peut-être les fabricants de stylos quatre couleurs.
Cet engouement n’est pas tombé du ciel : après avoir testé près d’une douzaine de ces ardoises numériques (eh oui, le métier de journaliste, c’est parfois jouer à la marelle entre gadgets !), une vérité s’impose. Les E Ink ne se contentent plus d’imiter l’expérience du papier : elles la transcendent, la colorent, la synchronisent et l’emportent jusqu’à la bibliothèque locale du bout des doigts. Certaines se font même liseuses connectées, d’autres préfèrent briller par leur minimalisme studieux – il y a de tout, pour tous, et à tous les prix… enfin, presque.
Mais attention à la douche froide du côté de chez reMarkable, la tablette star du moment : la marque, invoquant de mystérieux “coûts en hausse”, vient d’annoncer une augmentation de ses tarifs pour le mois de mai. Un e-mail à l’appui, un brin solennel, rappelle que “plusieurs facteurs influencent nos décisions, dont la chaîne d’approvisionnement et les frais opérationnels.” Bref, pas question de noircir la page sans en payer le prix : la version 2 comme la Paper Pro restent excellentes, mais gare au portefeuille si vous attendiez le bon moment…
Les tablettes E Ink promettent bien la lune, mais attention à l’addition qui pourrait, elle, décrocher les étoiles.
Quels sont les modèles à surveiller, alors ? Impossible de passer à côté de la reMarkable 2, adulée pour sa simplicité et son élégance (son prix, moins… mais c’est un autre débat). La Paper Pro la joue premium, pour ceux qui prennent vraiment leurs notes au sérieux, jusqu’à l’obsession, ou au moins jusqu’à la fin de la réunion. En face, la Kindle Scribe d’Amazon mise tout sur la polyvalence : lire, annoter, relire, reluquer sa pile de livres numériques, tout devient possible, tant qu’on ne cherche pas à dessiner la Joconde – les artistes risquent de trouver l’expérience un peu… monochrome.
Envie d’une alternative pour vos listes de courses ou ce roman que vous n’écrirez jamais ? Le Supernote A6 X2 s’invite aussi à la fête, champion de la prise de notes et du rapport qualité-prix, pour ceux qui veulent du concret sans se ruiner. Mention spéciale aux modèles qui osent la couleur ou des formats qui tiendraient, presque, dans la poche intérieure d’une veste (tendance David Copperfield : où sont passés mes carnets ?).
Mais ne nous y trompons pas : l’industrie du E Ink, séduisante en façade, cache sous le capot des enjeux bien plus nuancés. Ce n’est pas parce qu’on écrit sur du “faux papier” qu’on échappe à la logique du marché : la technologie a beau être verte, intelligente et stylée, elle reste soumise aux mêmes lois implacables que les smartphones et autres objets connectés, avec remises temporaires, stocks variables et hausses imprévues. Magique, mais à manier avec un peu de lucidité… et d’humour !
Conclusion : si vous attendiez le signe divin pour passer au carnet numérique, c’est peut-être le moment… à condition d’anticiper la prochaine vague de hausses. Et n’oubliez pas : avec une tablette E Ink, vos idées n’iront peut-être pas plus vite qu’avant – mais au moins, elles ne tâcheront plus votre sac à dos…
Source : Engadget