Le monde du jeu vidéo s’invite-t-il une nouvelle fois à Hollywood dans une course effrénée à l’adaptation cinématographique ? C’est la question que soulève l’annonce du film « Split Fiction », une adaptation du jeu coopératif à succès, avec la vedette montante Sydney Sweeney en première ligne. Mais cette décision n’est-elle pas prématurée alors que le jeu vient tout juste de s’imposer sur la scène vidéoludique ?
Pourquoi ce titre, développé par Hazelight Studios, a-t-il suscité l’engouement de tant de studios de cinéma immédiatement après sa sortie en mars dernier ? À peine lancé, « Split Fiction » s’est arraché à plus de deux millions d’exemplaires en une seule semaine. Est-ce ce succès fulgurant qui a motivé une véritable guerre d’enchères pour obtenir les droits d’adaptation, ou bien la promesse narrative portée par ce duo d’auteures – Mio et Zoe – piégées dans leurs propres mondes imaginaires ?
Les grands noms s’alignent déjà derrière la caméra : Sydney Sweeney assure aussi un rôle de productrice exécutive. Jon M. Chu, déjà remarqué pour « Wicked », assurera la réalisation, entouré des scénaristes chevronnés Rhett Reese et Paul Wernick, connus pour leur travail sur « Deadpool & Wolverine ». Peut-on s’attendre à une adaptation fidèle ou à une relecture hollywoodienne aseptisée, bien loin de l’expérience interactive proposée par Hazelight ?
L’adaptation d’un jeu vidéo à succès est-elle vraiment le gage d’un hit au box-office, ou n’est-ce qu’un pari risqué dans un marché saturé de franchises recyclées ?
Aucune information n’a encore fuité sur la date de sortie du film ni sur l’héroïne que Sweeney campera – Mio ou Zoe ? L’attente promet d’être longue pour les fans impatients d’en savoir plus. De plus, le studio Story Kitchen, déjà derrière les adaptations de Sonic et Tomb Raider, tiendra-t-il la promesse d’un blockbuster fidèle à l’esprit du jeu ou transitera-t-il vers un récit plus formaté ?
Il reste aussi la question de la transformation d’un gameplay basé sur la coopération à l’écran en une narration purement cinématographique. Le film réussira-t-il à capturer la dynamique interactive, notamment le passage entre univers science-fiction et fantasy, qui a séduit les joueurs ? Ou sommes-nous face à un projet condamné à n’en garder que la surface, perdant en chemin l’essence immersive du jeu ?
En somme, derrière l’excitation de l’annonce, se profile une interrogation majeure : la frontière entre adaptation fidèle et marketing opportuniste sera-t-elle franchie ? À l’heure où Hollywood multiplie les relectures de licences vidéoludiques à guichet fermé, faut-il craindre une normalisation au détriment de l’audace créative ?
La ruée vers les adaptations de jeux vidéo marque-t-elle l’avènement de nouvelles formes de narration, ou simplement un nouveau filon pour l’industrie du divertissement, cherchant désespérément à capter l’attention d’un public versatile ?
Source : Engadget