Comment un tout nouveau studio français peut-il provoquer autant d’enthousiasme dans l’univers férocement compétitif du jeu vidéo ? C’est la question que l’on se pose face au phénomène Clair Obscur: Expedition 33. En quelques jours à peine, ce RPG au tour par tour a non seulement séduit la critique, mais a aussi fait exploser les compteurs de ventes. Faut-il y voir un signe de renaissance du jeu vidéo français, ou bien le fruit d’un engouement passager suscité par une campagne marketing habile ?
Comment expliquer que ce premier jeu tout droit sorti des studios Sandfall, jusque-là inconnus du grand public, ait dépassé le million d’exemplaires vendus en un temps record ? Dès le premier jour, 500 000 copies avaient déjà trouvé preneur. Un chiffre qui interroge : est-ce la promesse d’une expérience originale ou une mécanique commerciale bien huilée qui a attiré autant de joueurs ? Et d’ailleurs, qui sont ces joueurs ? Le studio évoque fièrement ce chiffre, sans même comptabiliser les abonnés Game Pass qui ont aussi accès au titre. S’agit-il d’un succès d’estime doublé d’un succès populaire ?
Le contexte narratif du jeu, quant à lui, intrigue. La “Peintresse” et son monolithe mortifère, qui condamne chaque année une classe d’âge à la disparition, n’est-ce pas là l’allégorie d’une société qui s’effrite sous le poids de ses propres lois ? Pourquoi ce thème sombre et philosophique rencontre-t-il un tel écho auprès du public ? Peut-être parce que Expedition 33 s’empare de référents classiques pour les mélanger à une esthétique raffinée et moderne, saluée par certains critiques, dont Mat Smith d’Engadget qui parle d’un univers « superbement construit ».
En captivant la critique et en défiant les attentes, Expedition 33 pose question sur la force et la longévité de cet engouement.
Mais au-delà de l’emballage, le jeu tiendra-t-il la distance ? Le retour unanime des médias spécialisés masque-t-il les défis techniques ou narratifs qui pourraient surgir avec le temps ? Car si l’accueil est enthousiaste, la concurrence sur PC, Xbox Series X/S et PlayStation 5 est rude, et Sandfall doit maintenant convaincre sur la durée. L’histoire prouvera-t-elle que ce succès précoce n’est pas simplement une étoile filante de plus dans le ciel du jeu vidéo indépendant ?
Un autre aspect, moins souvent mentionné, soulève question : comment Sandfall pense-t-il capitaliser sur cette première réussite ? Est-ce le point de départ pour une saga dans la veine des grands RPG, ou l’équipe cédera-t-elle aux pressions inhérentes à un marché qui célèbre l’innovation tout en exigeant des suites rapides, parfois au détriment de la qualité ? Qui finance vraiment cette ascension éclair et avec quelles attentes pour la suite ?
Au fil de cette fulgurante ascension, Clair Obscur: Expedition 33 soulève aussi la question de la représentation française dans l’industrie du jeu vidéo. Sommes-nous en train d’assister au retour en grâce du made in France sur la scène internationale, ou cet exemple demeure-t-il une exception dans une industrie globalisée, dominée par des géants américains et japonais ?
Alors, Clair Obscur: Expedition 33 sera-t-il durablement le fer de lance d’une nouvelle vague créative française, ou n’est-il qu’un feu de paille ? Les prochaines semaines devraient apporter une réponse plus claire.
Source : Engadget