Apple peut-il continuer à imposer son écosystème fermé alors que la justice commence à ouvrir des brèches dans ses pratiques commerciales ? La récente décision fédérale obligeant la firme californienne à cesser de prélever des commissions sur les achats réalisés en dehors de l’App Store marque-t-elle un véritable tournant pour l’industrie mobile ?
Cette semaine, le verdict de la juge Yvonne Gonzalez Rogers a généré des ondes de choc. Apple a-t-il vraiment tenté de contourner l’ordonnance précédente datant de 2021, comme l’affirme la magistrate ? Rapidement, les géants du numérique ont sauté sur cette occasion : Spotify, par exemple, n’a pas attendu pour mettre à jour son application, désormais équipée de liens externes pour les souscriptions. Que cela signifie-t-il concrètement pour le consommateur et pour l’économie des applications ?
Avec sa version 9.0.40, Spotify ne se prive plus d’indiquer à ses utilisateurs que des abonnements ou microtransactions moins chers sont accessibles hors de l’univers Apple, échappant ainsi à la taxe de près de 30 % que le géant de Cupertino imposait jusqu’ici. Mais le plus surprenant reste sans doute la colère affichée par Spotify face à la lenteur d’Apple à respecter la décision initiale du tribunal, quatre ans plus tôt. Le marché est-il à l’aube d’un assouplissement inédit ou Apple trouvera-t-il de nouvelles parades pour préserver sa mainmise ?
Les app stores sont-ils enfin prêts à s’ouvrir, ou s’agit-il d’une simple parenthèse judiciaire ?
Le rôle joué par Epic Games, à l’origine de la fronde judiciaire, est-il sous-estimé ? En célébrant une victoire juridique qui permet, entre autres, de lancer des boutiques de jeux en ligne sans commission via le Epic Games Store, l’entreprise ouvre la voie à d’autres plateformes. Avec l’annonce prochaine de fonctionnalités favorisant les achats hors application, Epic n’entend pas s’arrêter là. Faut-il s’attendre à ce que d’autres éditeurs emboîtent le pas, forçant Apple à revoir tout son modèle économique ?
Apple, tout en affichant sa volonté de se conformer à la décision de justice, promet une riposte par le biais d’un appel. La stratégie semble claire : gagner du temps, préserver ses marges, et tenter de limiter la diffusion des nouveaux modèles de paiement. Mais la situation ne fait qu’empirer pour le géant, déjà bousculé par une autre mésaventure judiciaire au Royaume-Uni, où Apple vient d’être condamné à verser plus de 500 millions de dollars de dommages à la société Optis. Faut-il y voir les signes avant-coureurs d’un affaiblissement du géant américain sur le plan judiciaire comme commercial ?
En somme, la “forteresse” App Store commence à présenter des fissures, sous la pression conjuguée des concurrents, des tribunaux et des créateurs souhaitant une part plus équitable du gâteau numérique. Mais Apple saura-t-il tirer son épingle du jeu face à l’érosion de son modèle historique ? Les prochains mois pourraient bien rebattre les cartes de l’économie des applications et des contenus en ligne, à condition que la justice ne se limite pas à des injonctions temporaires. Quels enseignements les autres géants du secteur tireront-ils de cette série de décisions judiciaires ?
Source : Engadget