La fermeture définitive de Mr. Deepfakes, le plus grand site pornographique de deepfake non-consenti, signe-t-elle un tournant dans la lutte contre les dérives de l’intelligence artificielle ? Quelles conséquences attendre de cet événement pour la protection de la vie privée et la régulation en ligne ?
Ce site, dont la disparition a été révélée par 404 Media, laisse derrière lui une multitude de questions. L’arrêt brutal du service serait lié à la perte d’un fournisseur clé, entraînant des pertes de données massives qui rendent impossible toute relance. Est-ce vraiment la fin, ou ce type de contenu migrera-t-il simplement ailleurs ? Les responsables affirment qu’aucun projet de réouverture n’est envisagé, et mettent en garde contre toute imitation future.
Depuis des mois, de grandes plateformes et certains États intensifient la chasse aux contenus pornographiques générés par l’IA sans consentement. Pourtant, Mr. Deepfakes était devenu une zone grise, presque inattaquable, où l’on pouvait uploader, commander, et même collaborer ouvertement sur de nouvelles techniques de falsification. Mais comment ce genre de plateforme a-t-il pu prospérer aussi longtemps, malgré l’attention médiatique et légale ? Qui sont derrière ces pratiques, et jusqu’où ira la course à la sophistication technique ?
La fin de Mr. Deepfakes soulève autant d’interrogations sur la régulation de l’IA que sur la capacité d’internet à vraiment protéger les victimes.
D’ailleurs, le ou les créateurs de Mr. Deepfakes demeurent largement anonymes, malgré l’enquête du quotidien allemand Der Spiegel qui aurait identifié l’un d’eux à Toronto. Ce flou autour de l’identité des responsables complique la question des poursuites, tout comme il illustre l’opacité des réseaux impliqués dans la diffusion de ces contenus.
Face à l’ampleur du phénomène, la riposte législative s’organise. La semaine passée, le Congrès américain a adopté une loi criminalisant la publication d’images sexuellement explicites non consenties, y compris par deepfake. Le Royaume-Uni ou l’Union européenne tentent aussi de légiférer à marche forcée, mais comment faire respecter ces règles alors que la technologie ne connaît pas de frontières, et que les producteurs de deepfakes savent effacer leurs traces ?
Finalement, la disparition de Mr. Deepfakes est-elle un signal encourageant ou un simple coup d’épée dans l’eau, condamné à un effet d’annonce sans impact durable ? L’évolution rapide des outils d’IA laisse présager de nouvelles batailles à venir. Peut-on vraiment espérer mettre une fin durable à l’exploitation de l’image d’autrui à l’ère numérique ?
Source : Engadget