La Floride est-elle sur le point de sacrifier la vie privée de ses citoyens au nom de la sécurité ? Cette semaine, un projet de loi controversé a été retiré avant même d’être voté. Que contenait vraiment ce texte, et pourquoi a-t-il suscité une telle levée de boucliers, tant chez les entreprises technologiques que chez les défenseurs des libertés numériques ?
Ce projet, baptisé Social Media Use by Minors, prévoyait d’obliger les plateformes sociales à fournir un accès déchiffré aux comptes et messages privés de leurs utilisateurs en cas de réquisition émanant des forces de l’ordre – une mesure qui n’imposait même pas la validation d’un juge. Comment en est-on arrivé à proposer une telle intrusion dans la sphère privée ?
Alors que le Sénat de Floride avait voté le texte, la Chambre des représentants a décidé de l’« ajourner définitivement ». Ce retrait signifie-t-il une prise de conscience soudaine des dérives potentielles d’une telle loi, ou simplement un report stratégique devant les critiques croissantes ?
Une porte dérobée dans le chiffrement, c’est ouvrir la boîte de Pandore de nos données personnelles.
Les professionnels de la cybersécurité ne cessent d’alerter depuis des années : rendre le chiffrement vulnérable, même physiquement réservé aux « bons » acteurs, c’est le rendre vulnérable à tous types d’abus. La mise en place de ces « backdoors », selon l’Electronic Frontier Foundation, était carrément « dangereuse et stupide ». Qui aurait été responsable en cas de fuite massive de données, ou si cette faille avait été exploitée par des cybercriminels ?
Les défenseurs du texte affirmaient vouloir protéger les mineurs face aux dangers des réseaux sociaux. Mais était-ce là un prétexte pour permettre une surveillance généralisée sous couvert de protection ? Où s’arrête la quête de sécurité, et où commence l’intrusion illégitime dans la vie numérique ?
Plus largement, la Floride n’est pas une exception : la tentation de fragiliser le chiffrement émerge dans de nombreux débats législatifs dans le monde. Après l’échec de ce projet, faut-il s’attendre à voir resurgir des propositions similaires ailleurs aux États-Unis, voire en Europe ?
Entre pression politique et impératifs techniques, où placerons-nous le curseur entre sécurité et respect de la vie privée ?
Source : Techcrunch