Comment la médecine pourrait-elle se réinventer alors qu’une grande partie de la population féminine continue d’éviter le dépistage du cancer du col de l’utérus ? La FDA vient tout juste d’autoriser un nouvel outil, la Teal Wand, qui permet une auto-prélèvement vaginal à domicile en vue d’un dépistage du cancer du col. Cette avancée rebat-elle les cartes de l’accès aux soins ou cache-t-elle des zones d’ombre ?
Nombreuses sont celles qui redoutent la douleur ou l’inconfort d’un frottis classique, d’autres encore sont confrontées à des difficultés logistiques ou à des handicaps. Pourquoi renoncer alors que la maladie reste évitable avec un suivi adapté ? La Teal Wand propose un geste simple : un prélèvement par éponge que l’utilisatrice envoie ensuite pour une analyse de la présence du HPV, ce virus lié à la plupart des cancers du col de l’utérus. Mais ce prélèvement, qui ne va pas racler les cellules du col, est-il aussi fiable que ce que promet l’entreprise ?
Les recommandations évoluent cependant : de plus en plus de spécialistes du dépistage s’accordent sur le fait que rechercher le HPV est maintenant, dans certains cas, aussi pertinent qu’observer directement les cellules au microscope. La National Cancer Institute a même lancé un vaste projet autour de solutions d’auto-prélèvement, avec le soutien d’autres géants pharmaceutiques. Mais si la technologie permet d’étendre le dépistage, comment s’assurer qu’elle n’accentue pas, en parallèle, l’automatisation de la médecine au détriment d’un véritable suivi médical personnalisé ?
L’avenir du dépistage passera-t-il par le domicile, ou risque-t-on de laisser de côté les plus vulnérables ?
La société, elle, promet bien plus qu’un simple objet : des téléconsultations accompagnent le geste, une assistance à chaque étape, et un processus qui se veut aussi précis et fiable qu’en cabinet médical. Une étude clinique menée par Teal Health revendique que le dépistage à domicile serait aussi fiable qu’en présentiel, et surtout beaucoup mieux accepté. Faut-il croire sur parole ces résultats ou faut-il attendre l’avis d’autres experts indépendants ?
Un élément reste cependant dans l’ombre : le prix. Si la Teal Wand doit être commercialisée en Californie dès juin, l’entreprise annonce vouloir négocier avec les mutuelles pour la prise en charge. Mais, que se passera-t-il pour celles qui ne sont pas ou mal couvertes ? Teal Health évoque la recherche de subventions et d’options de paiement flexibles, mais ce flou ne risque-t-il pas de poser de nouveaux problèmes d’inégalités ?
Au final, la Teal Wand pourrait changer profondément l’accès au dépistage du cancer du col de l’utérus, notamment pour toutes celles qui, pour des raisons variées, passent trop souvent entre les mailles du filet. Mais confier à la technologie la place centrale dans la prévention sanitaire ne risque-t-il pas de déplacer les problèmes plutôt que de les résoudre ?
Source : Engadget