Comment une startup de la legaltech peut-elle attirer en quelques mois des centaines de millions de dollars d’investissements et s’installer à une valorisation record de 5 milliards de dollars ? Qu’est-ce qui intrigue tant les géants du capital-risque comme Kleiner Perkins ou Sequoia Capital au sujet de Harvey, la nouvelle étoile montante de l’intelligence artificielle juridique ?
D’après une récente enquête de Reuters, Harvey serait en train de préparer une levée de fonds colossale — plus de 250 millions de dollars — lors d’un nouveau tour de table mené par Kleiner Perkins et Coatue. Ce n’est pas la première fois que les poids lourds du financement se pressent autour de cette jeune pousse, puisque Sequoia Capital, déjà à la manœuvre lors de la précédente levée de 300 millions de dollars il y a seulement trois mois, souhaite remettre le couvert. Mais quels sont les secrets de cette traction fulgurante alors que des dizaines d’autres startups peinent à décoller dans l’IA ?
Harvey s’est imposée en un temps record comme un outil incontournable pour les cabinets d’avocats, bousculant la façon de mener des recherches et de gérer la documentation grâce à l’IA générative. Mais cette croissance vertigineuse s’explique-t-elle uniquement par la qualité de l’outil, ou repose-t-elle aussi sur un effet de mode autour de la digitalisation du secteur légal ? Selon Reuters, le chiffre d’affaires annualisé aurait déjà atteint 75 millions de dollars en avril. Un succès réel, ou une bulle prête à éclater ?
Harvey intrigue : croissance rapide, financement massif, mais des parts d’ombre sur sa dépendance technologique.
Étonnamment, la startup diversifie encore davantage sa palette d’outils en s’associant non seulement à OpenAI — investisseur historique — mais également à Anthropic et Google pour l’accès à d’autres modèles d’IA. Cette alliance est-elle synonyme d’indépendance technologique, ou Harvey risque-t-elle de devenir prisonnière des géants du cloud et de l’intelligence artificielle ?
On notera aussi que l’OpenAI Startup Fund, soutenant Harvey dès ses débuts, ne s’est pas (encore ?) engagé dans cette nouvelle levée. Simple stratégie d’attente ou signe d’un changement de cap ? À ce stade, ni Harvey, ni ses investisseurs principaux n’ont répondu aux sollicitations de la presse. Pourquoi tant de discrétion alors que la startup affole les compteurs et les spécialistes du secteur ?
Alors que Harvey continue d’engranger les contrats, les questions s’accumulent. L’argent injecté servira-t-il vraiment à accélérer l’innovation, ou bien à tenir artificiellement une valorisation hyperbolique qui pourrait s’avérer instable ? Et, plus fondamentalement, ce modèle de plateforme d’IA destiné aux avocats va-t-il transformer durablement les pratiques du droit, ou reproduire une énième révolution annoncée, vite oubliée ?
Le marché de la legal tech vit-il une mutation profonde ou s’emballe-t-il pour le dernier produit à la mode ? Le phénomène Harvey s’inscrira-t-il dans la durée, ou la déferlante retomberait-elle aussi vite qu’elle est apparue ?
Source : Techcrunch
