La télévision en direct via le streaming est-elle vraiment le nouvel eldorado des amateurs de sports, d’actualités ou simplement de la télé de salon ? Face à un paysage audiovisuel qui évolue à toute vitesse, comment comprendre l’explosion des offres en ligne et la montée constante des prix ? N’est-ce pas paradoxal que le rêve d’une télévision plus libre se transforme en un enchevêtrement de tarifs et d’options si complexes ?
Il y a dix ans à peine, la télévision en direct passait presque exclusivement par le câble, le satellite ou la TNT. Aujourd’hui, rares sont les téléviseurs à intégrer une antenne numérique, et les foyers doivent jongler avec des abonnements toujours plus onéreux, que ce soit pour YouTube TV, Hulu + Live TV, Sling, Philo, DirecTV ou Fubo. D’ailleurs, seules deux offres (Philo et Sling) restent sous la barre des 50 dollars mensuels. Pourquoi une alternative pensée comme économique et sans engagement retrouve-t-elle les travers des anciens bouquets ?
L’arrivée puis la généralisation des plateformes de streaming en direct promettait l’émancipation des téléspectateurs : fini les contrats interminables ! Pourtant, la réalité est tout autre. Presque toutes ces plateformes affichent des hausses de prix régulières et soutenues. Par ailleurs, les lignes entre le « direct » et la « VOD » traditionnelle s’estompent. Les grandes plateformes comme Peacock, Prime Video, Max, Apple TV+ ou Netflix s’emparent du direct, notamment avec des événements sportifs et des émissions en temps réel. Le consommateur parvient-il encore à s’y retrouver entre tous ces abonnements et ces modèles économiques ?
Avec la multiplication des offres et la confusion entre direct et contenu à la demande, choisir devient un vrai casse-tête financier et technologique.
Pour ne rien simplifier, certains services gratuits comme Tubi, Pluto ou Plex tentent de séduire par une diffusion en direct sans frais… mais au prix d’une offre limitée ou d’une expérience moins qualitative : malus ou compromis acceptable ? D’un autre côté, la course aux droits sportifs et aux contenus exclusifs rend cette jungle encore plus inextricable, alors que Disney vient d’annoncer l’arrivée prochaine de son service 100% ESPN, avec deux forfaits distincts : tout ESPN à 30 dollars par mois, ou une version plus légère à 12 dollars. Va-t-on vers une segmentation à outrance du marché, ou bien est-ce la préfiguration d’un futur sans chaînes, où chaque contenu serait payé à la carte ?
Derrière cette surenchère commerciale, la promesse originelle du streaming en direct – un accès abordable, flexible et personnalisé – semble s’être diluée. Les géants du secteur, devenus incontournables, capitalisent sur un public captif et multiplient les augmentations tarifaires, tandis qu’en parallèle, la gratuité défendue par certains acteurs s’apparente à un miroir aux alouettes, tant les programmes proposés restent restreints.
Au final, le consommateur est-il véritablement gagnant ? Choisit-il en toute connaissance de cause, ou n’est-il pas toujours, au fond, tributaire d’une offre qui ressemble de plus en plus à celle d’un câble déguisé ? Entre explosion des prix, complexification des offres et confusion entre direct et replay, la télévision de demain ne risque-t-elle pas finalement de revenir à ses vieilles habitudes, sous d’autres oripeaux ?
À l’heure où la frontière entre télévision linéaire et streaming tend à disparaître, une question cruciale demeure : la multiplication des plateformes et la hausse continue des prix marquent-elles la fin du rêve du streaming « libre » et abordable ?
Source : Engadget