Jusqu’où la guerre juridique entre les startups d’HR tech Deel et Rippling est-elle prête à aller, et que cherchent-elles véritablement à protéger ou à dissimuler ? La bataille entre ces deux géants de la gestion RH ne cesse de s’envenimer, et la dernière salve lancée par Deel soulève autant de questions qu’elle ne fournit de réponses.
Pourquoi Deel insiste-t-il pour obtenir les versions non expurgées des dépositions dans le dossier irlandais, et en particulier celle de Keith O’Brien, l’ex-employé de Rippling devenu espion pour Deel, selon ses propres dires devant le tribunal ? Qu’espèrent-ils vraiment dévoiler dans ces documents, alors que l’affaire commence à ressembler davantage à un thriller hollywoodien qu’à un litige commercial classique ? Faut-il y voir la volonté de jeter une lumière crue sur les méthodes pour le moins troubles de la concurrence ?
Rappelons que Rippling a ouvert le bal en mars avec une plainte pour vol de secrets industriels, concurrence déloyale, et interférences malicieuses – toutes reposant principalement sur les actes d’espionnage présumés. Depuis, Deel n’a pas seulement tenté de faire annuler la procédure, l’entreprise a aussi contre-attaqué avec ses propres accusations : Rippling aurait, lui aussi, tenté de jouer les espions chez Deel. Bataille de miroirs ou jeu de dupes ?
Au cœur de cette guerre, la question se pose : où s’arrête la concurrence féroce et où commence la manipulation sordide ?
Mais l’affaire prend un tour encore plus opaque lorsqu’on examine le sort de Keith O’Brien. Pourquoi un salarié viré pour faute se retrouve-t-il, selon Deel, à nouveau rémunéré, cette fois comme témoin clé payé par son ancien employeur ? Selon l’affidavit de Vanessa Wu, ancienne cheffe juridique de Rippling, la société aurait non seulement versé une indemnité de départ à O’Brien pour éviter tout recours judiciaire, mais également pris en charge ses frais d’avocats en échange de sa collaboration. S’agit-il d’un arrangement légal ordinaire ou d’une tentative d’acheter un témoignage ?
Deel réclame que la justice force Rippling à dévoiler l’intégralité de ces accords. Le but semble double : obtenir des preuves exploitables, mais aussi jeter la suspicion sur la sincérité de l’ex-employé et, partant, de l’adversaire. Est-il courant, dans la Silicon Valley, qu’un témoin clé change subitement de camp pour des raisons financières ? Ou assiste-t-on à une escroquerie morale digne des pires séries télévisées ?
Derrière cette guerre d’ego, qui croire ? Chacun campe sur son innocence, tout en redoublant d’efforts pour salir l’autre. La justice devra bientôt trancher : les accords et témoignages seront-ils rendus publics, révélant la vraie nature des stratégies employées de part et d’autre ?
À mesure que se multiplient les coups bas et les échanges d’accusations, il devient difficile de séparer la vérité de la tactique juridique. Le procès à venir promet, s’il est ouvert, de lever le voile sur des méthodes qui pourraient bien ébranler tout un pan de l’industrie tech. La transparence sortira-t-elle gagnante de cette rivalité opaque ?
Source : Techcrunch