« Quand le vent du Mistral souffle, même l’Intelligence Artificielle finit par s’enrhumer. » Voilà comment on pourrait résumer l’irrésistible ascension – et les éternuements – de Mistral AI, la petite pépite française qui rêve en grand. S’il y a un vent de nouveauté sur la scène tech européenne, c’est bien lui : Le Chat, son assistant IA, frise désormais la célébrité. Même Emmanuel Macron l’a recommandé à la télé à des millions de Français, prouvant que dans le pays de la baguette, on sait aussi vendre de l’algorithme en prime time.
Mais derrière les applaudissements patriotiques, la réalité est bien plus nuancée que les discours de président. Si Mistral AI, valorisée à hauteur de 6 milliards de dollars (oui, MISTRAL, pas ChatGPT), peut se vanter de 1 million de téléchargements fulgurants en deux semaines, elle boxe encore dans la catégorie des poids plumes face à l’américaine OpenAI. Avec des promesses de « vertitude » et d’indépendance à revendre, la start-up française doit jongler entre l’attente nationale et un vrai défi d’envergure mondiale.
La botte secrète de Mistral ? Une kyrielle de modèles à noms poétiques, allant du costaud « Mistral Large 2 » au tchatteur multi-tâches « Le Chat », et jusqu’aux spécialistes du code comme Devstral ou Codestral. Sans oublier Pixtral pour l’image, Saba pour l’arabe, et même les « Ministraux » pour téléphones, ce qui prouve qu’il n’y a pas que les ministres qui baskent dans le numérique ! Mistral grignote le marché tout terrain, en mode MacGyver de l’IA, avec une API OCR ici, un partenariat avec Nvidia là… Bref, un vrai vent d’innovation, mais, paradoxalement, pas toujours open source pour les gros calibres.
Le Mistral souffle fort sur la French Tech, mais gare à la tempête des géants américains.
Côté coulisses, la startup s’est entourée de pointures : ex-Googlers et anciens de Meta, rien que ça ! On s’entraide entre compatriotes : même l’ex-ministre Cédric O a mis son grain de sel, histoire de pimenter un peu le débat sur le fameux « pantouflage » à la française. Les développeurs, eux, profitent de licences libres sur certains modèles, tandis que les entreprises (et l’État!) alignent la monnaie pour accéder au nec plus ultra. Un pied dans la culture open source, l’autre dans le business, Mistral marche sur la ligne de crête.
À la question « Comment fait-on rentrer autant d’euros dans un cochonnet aussi jeune ? », Mistral répond par une série de levées de fonds hors normes: près d’un milliard d’euros amassé avant même d’avoir vendu sa première ligne de code, des investisseurs allant de Bpifrance à Microsoft, et une valorisation qui explose météo et boussole. Côté business, Le Chat devient payant à partir de 14,99 € par mois, tandis que les grandes boîtes mettent la main au portefeuille pour utiliser ses modèles via API. Mistral a même convaincu la vénérable AFP de brancher ses archives sur Le Chat – quand on disait que cette IA avait de la mémoire !
Au menu des alliances : Microsoft, Orange, CMA-CGM, IBM, l’armée française, la job agency nationale, sans oublier Stellantis pour vos prochaines voitures qui parlent IA ! L’idée ? Un campus IA en Île-de-France façon Silicon Valley sauce béarnaise, porté par des acteurs internationaux et la fine fleur du capitalisme hexagonal. Bref, Mistral, c’est un peu la réunion de famille du numérique, version deux tours d’ascenseur.
La suite ? Mistral veut rester maître chez soi, en rêvant d’une IPO plutôt qu’un rachat par l’étranger. Mais, comme dirait Tonton Prudence : une valorisation en orbite ne fait pas une rentabilité avérée. Pour éviter que la rumeur de vente ne devienne ouragan, il va falloir transformer les euros levés en chiffres d’affaires solides. Et pendant ce temps, la French Tech retient son souffle… Le Mistral n’a pas fini de souffler, mais attention aux courants d’air : à vouloir révolutionner l’IA, on risque parfois de se prendre un vent !
Source : Techcrunch