Le Summer Game Fest est-il en train de devenir l’événement incontournable de l’industrie du jeu vidéo ? Chaque année, la question se pose alors que les joueurs et les professionnels attendent impatiemment de découvrir les surprises et annonces qui rythmeront ce festival dématérialisé. Mais pourquoi un tel engouement pour cette grand-messe numérique, surtout à une date et une heure loin d’être idéales pour les travailleurs américains ? Que cache vraiment cette effervescence médiatique autour de l’événement, qui prendra place à Los Angeles le 6 juin à 17h (heure de la côte Est) ?
Le choix des plateformes de diffusion, quant à lui, n’est-il pas révélateur des stratégies et rivalités qui traversent l’écosystème gaming ? Avec une diffusion en direct depuis le YouTube Theater mais aussi en simultané sur Twitch, le Summer Game Fest cible-t-il une audience fidèle, ou cherche-t-il à s’imposer partout, quitte à diluer son identité ? Tandis que nous promettons une couverture depuis les coulisses, la question se pose : quelles sont les véritables retombées pour le public, bombardé d’informations, d’annonces et de streams parallèles ?
Derrière l’apparente simplicité de la “célébration mondiale du jeu vidéo” orchestrée par Geoff Keighley, ne faut-il pas voir une formidable opération de communication à la gloire des éditeurs partenaires ? Pas moins de 60 entreprises se rallient à l’événement, record absolu cette année. Simple réunion festive, ou démonstration de force face à des événements concurrents déclinants, telles que l’E3 qui peine à retrouver sa superbe ?
Entre annonces exclusives et opérations marketing, le Summer Game Fest s’impose comme un rendez-vous aussi stratégique que populaire.
Mais au-delà des promesses floues de “nouveautés spectaculaires et surprises” – éléments de langage qui font recette chaque année – que peut-on réellement attendre du show ? L’agenda, déjà bien chargé, laisse filtrer quelques pistes : dévoilement prévu pour Wuchang: Fallen Feathers, RPG d’action typé “Soulslike”, et apparition remarquée de Chrono Odyssey, MMORPG au parfum ouvertement compétitif. Faut-il y voir des avant-goûts d’une bataille technologique et créative intense, ou de simples coups d’éclat marketing, distillés à un public global ?
Les regards se tournent également vers Hideo Kojima, maître du teasing dont la future production, Death Stranding 2: On the Beach, est attendue au tournant. Le créateur japonais, invité d’honneur, sera-t-il prêt à livrer de nouveaux secrets, annoncer un projet encore inédit ou simplement entretenir le suspense jusqu’à la prochaine grande conférence ? Peut-on croire à des révélations majeures, ou assiste-t-on, une fois de plus, à un savant jeu de mise en scène ?
Comment ignorer que le Summer Game Fest n’est que le début d’un marathon d’annonces qui s’étale sur plusieurs jours, enchaînant Day of the Devs, Devolver Direct, Wholesome Direct et une ribambelle d’événements satellites ? Quelle place reste-t-il aux petits studios, dans ce tourbillon de superproductions et de blockbusters dévoilés en fanfare ? Le public saura-t-il faire la distinction entre la nouveauté sincère et la communication bien huilée ?
Face à la multiplication des rendez-vous et à la surenchère des reveals, le Summer Game Fest ne risque-t-il pas, à force, de perdre ce qui fait son essence ? À qui profite réellement cette frénésie estivale de l’annonce, et le joueur lambda y gagne-t-il vraiment, ou n’est-il qu’un spectateur passif de la machine à attentes ?
Source : Engadget