Qu’est-ce qui se cache derrière le récent engagement d’un milliard de dollars de General Catalyst en faveur de Grammarly, et cette opération symbole-t-elle un changement de stratégie majeur dans le financement de la tech ?
Grammarly, l’assistant d’écriture bien connu, a réussi à décrocher une somme colossale de General Catalyst. Mais ce milliard de dollars changé n’entre pas dans les cases habituelles : pas d’échange d’actions, pas de dilution, et surtout un montage financier reposant sur les revenus futurs de la société au lieu d’une participation directe à son capital. Pourquoi General Catalyst opte-t-il pour une telle formule, et quels sont les réels avantages cachés de cette approche pour Grammarly ?
Ce financement, issu du « Customer Value Fund » de General Catalyst, s’adresse à des startups matures affichant des revenus récurrents et prévisibles. Pour une entreprise comme Grammarly, valorisée 13 milliards de dollars en 2021 mais dont la valeur serait désormais en berne, cette alternative « non dilutive » tombe à pic. Faut-il voir dans cette stratégie une nouvelle tendance face à la volatilité du marché et à la défiance envers les levées traditionnelles ?
En misant sur la croissance plutôt que sur la propriété, General Catalyst redéfinit-il les règles du jeu dans un secteur en mutation ?
Le montage permet à Grammarly d’utiliser ce capital frais pour accélérer son marketing et ses opérations commerciales tout en réservant ses propres ressources au rachat d’autres startups. En décembre, l’entreprise s’est emparée de Coda, spécialisée dans la productivité, et a placé à sa tête Shishir Mehrotra pour piloter son évolution vers l’IA et les outils d’efficacité professionnelle. Est-ce le signal d’une nouvelle bataille pour la suprématie des plateformes d’intelligence artificielle au service de la productivité ?
Le « Customer Value Fund » de General Catalyst n’en est pas à son coup d’essai. Avec près de 50 entreprises accompagnées, de la fintech Lemonade à la santé numérique avec Ro, le fonds trace sa route à l’écart des levées globales spectaculaires, misant sur la stabilité et la capacité des entreprises à générer du revenu. Vers quelles autres pépites General Catalyst pourrait-il porter son regard, et cette méthode annonce-t-elle la fin de la quête effrénée de licornes ?
Face à un marché où la valorisation des startups oscille et où les investisseurs semblent de plus en plus prudents, ce type de financement adossé à la performance séduit. Pourtant, Grammarly refuse pour l’instant de commenter publiquement l’impact de ce deal. Que cherchent-ils à préserver, ou à ne pas dévoiler sur leur stratégie et leur vision future ?
En définitive, ce partenariat inédit pose des questions fondamentales : assistons-nous à l’émergence d’un nouveau standard dans la finance tech, plus mesuré, moins spéculatif et résolument tourné vers la croissance soutenable ? Ou ce modèle restera-t-il réservé à une poignée de sociétés en phase de consolidation ?
Si la Silicon Valley réinvente sans cesse ses propres codes, cet exemple n’invite-t-il pas à s’interroger : la nouvelle vague des financements alternatifs portera-t-elle vraiment la tech vers des lendemains plus équilibrés ?
Source : Techcrunch