Pourquoi tant de grandes figures progressistes des réseaux sociaux migrent-elles soudainement vers Bluesky, alors que la domination de X (ex-Twitter) semblait jusqu’à récemment indétrônable ? Ce mouvement de fond, dont tout le monde parle dans le microcosme technologique et politique américain, traduit-il simplement une tendance passagère ou marque-t-il une véritable redistribution des cartes dans la sphère de l’influence numérique ?
L’étude publiée tout récemment par le Pew Research Center met des chiffres sur ces impressions. Près de la moitié (43 %) des “news influencers” américains disposaient d’un compte Bluesky au printemps dernier, un chiffre d’autant plus significatif lorsqu’on apprend que 51 % de ces inscriptions sont postérieures à la présidentielle de 2024. S’agit-il d’un effet immédiat de l’élection ou d’un malaise plus profond à l’égard de la plateforme X ?
Pourquoi la gauche est-elle si surreprésentée dans cette migration ? Selon Pew, 69 % des comptes progressistes se sont ouverts à Bluesky, contre seulement 15 % de leur pendant conservateur. Doit-on y voir la conséquence directe de l’alignement affiché entre Elon Musk et Donald Trump ?
Une majorité d’influenceurs progressistes investissent Bluesky, mais la rupture avec X est-elle si réelle ?
En réalité, la désaffection de X n’est pas aussi prononcée qu’on aurait pu l’imaginer. 82 % des figures suivies par Pew possèdent toujours un compte sur X, contre 85 % à l’été 2025. Est-ce un simple attachement à l’audience encore présente, ou la preuve que Bluesky, malgré sa croissance, peine à offrir une alternative crédible sur le plan de la visibilité ?
Car, même chez les déçus de X, la tentation de partir pour de bon reste limitée : 87 % des nouveaux arrivants sur Bluesky continuent d’alimenter leur fil X de façon régulière. La centralité de X dans le débat public reste donc, pour l’instant, difficile à concurrencer. Mais pourrait-on assister à un revirement, alors que l’activité sur Bluesky augmente — passant de 54 % d’influenceurs actifs début janvier à 66 % fin mars ?
Le paysage des réseaux sociaux américains va-t-il se fragmenter durablement ou assisterons-nous à un retour de balancier ? À l’heure où la joute idéologique s’envenime jusque dans le code source des plateformes, chaque signal faible compte. La prochaine élection présidentielle redéfinira-t-elle encore une fois la carte des grandes voix en ligne ? Difficile à prédire, mais la bataille pour l’attention et l’influence ne fait que s’intensifier.
Face à la multiplication des réseaux et des choix politiques affichés par leurs dirigeants, peut-on vraiment croire à une neutralité et à une réelle pluralité du débat public numérique ?
Source : Techcrunch