« Les robots ne volent pas (encore) nos jobs, ils volent surtout la vedette ! » Difficile de faire mieux qu’Elad Gil dans le rôle du visionnaire qui voit arriver la tornade IA avant même que le vent ne se lève. Quand le grand public balbutiait “Chat-qui ?”, lui, il avait déjà sorti le carnet de chèques pour miser sur Perplexity, Character.AI ou encore Harvey. Oui, ce Gil-là, c’est un peu le gars qui achète des parapluies avant la mousson. Mais derrière ses gros coups, une nouvelle lubie le titille : transformer les entreprises classiques avec l’IA… puis les avaler comme des chips à l’apéro grâce à la stratégie du roll-up !
Le concept n’est pas tiré d’un épisode de “Succession” amélioré à la sauce IA, mais bien sérieusement testé depuis trois ans : repérer des boîtes qui ont des salariés bien humains (comme des cabinets juridiques ou des sociétés de services), les optimiser jusqu’à la moelle grâce à des robots très sages (promis, ils ne portent pas de robe d’avocat), et utiliser la cagnotte dégagée pour en racheter d’autres, en boucle. Évidemment, vu les marges qui explosent – de 10% à 40%, on frôle la patate chaude – Gil pense avoir trouvé la version capitaliste du 2-en-1, sans même devoir vendre du logiciel classique à la criée.
Est-ce si radicalement innovant ? Pourtant, dix ans auparavant, on nous promettait déjà des “roll-ups” techno qui s’avéraient souvent être de simples lifts numériques pour booster la valuation, plus qu’une vraie révolution en coulisses. Gil, lui, croit que l’IA peut réellement métamorphoser la structure des coûts : pas de vernis, mais un nouveau squelette. Et si sa principale difficulté réside dans la recette magique (combi PE et geek ultime), le secret du sorcier est aussi dans l’art de savoir trier les équipes, en jetant un œil critique mais bienveillant aux aspirants emulateurs de roll-up IA.
Si le marché de l’IA s’éclaircit enfin, ce n’est pas parce que les jeux sont faits, mais parce que les cartes sont mieux distribuées !
Reste à voir si ce pari sera aussi juteux que ses précédents – rappelez-vous, il a misé sur Airbnb, Coinbase et Stripe, pas vraiment des sociétés qui galèrent à payer leur wifi. Mais les challengers ne manquent pas ! Quand Khosla Ventures et autres poids lourds de la Silicon Valley piaffent à la porte du roll-up version IA, Gil risque d’avoir tout un bal de prétendants sur sa piste de danse… mais qu’importe, il ne semble même plus jouer pour s’enrichir, mais parce qu’il aime la science et le “geek spirit”.
Sa vraie botte secrète ? Tester, tordre, bidouiller sans relâche. Il ne se contente pas de lire les rapports de progrès du GPT-3 pendant que tout le monde met à jour son fil LinkedIn. Il joue, il code, il compare. “On écrit des scripts, on mesure leur performance, on tripatouille… c’est vraiment du fait maison !”, confie Gil avec l’émerveillement d’un ado devant son premier Raspberry Pi.
Et résultat des courses : la brume laisse désormais place à des silhouettes plus nettes. Dans la jungle du juridique, de la santé ou du support client, on commence à distinguer les potentiels rois de la savane IA (coucou Harvey, Abridge et Sierra AI – personne n’est dupe, ils font partie de la team Gil). Bien sûr, prudence est mère de sûreté : sur chaque segment vertical, “il reste trois ou quatre médaillés”, confie-t-il, histoire de laisser l’espoir à tous les outsiders du prochain sprint.
Dans cette course effrénée vers la révolution IA, Elad Gil ne se contente pas d’applaudir sur le bord de la piste : il s’amuse à courir plus vite que tout le monde… mais avec le sourire. Et si ses investissements écrivent l’avenir, lui, il préfère visiblement le conjuguer au présent, car, comme on dit dans le métier, mieux vaut un robot dans la paume qu’une promesse dans le cloud !
Source : Techcrunch