Comment Elon Musk gère-t-il son rôle controversé entre la politique américaine et ses ambitions spatiales ? Lors d’une récente interview accordée à CBS Sunday Morning, le patron de SpaceX a immédiatement esquivé les questions du journaliste David Pogue sur les politiques de Donald Trump, notamment concernant le durcissement des restrictions envers les étudiants internationaux. Pourquoi tant de réticence à se prononcer publiquement ? Musk tente-t-il de tenir les médias à distance pour ne pas être associé aux décisions de son allié politique ?
Dès le début de l’échange, Musk a posé ses propres limites : « Je pense qu’on devrait se concentrer sur le sujet du jour, à savoir les fusées, plutôt que sur la politique présidentielle. » Un refus catégorique qui a surpris Pogue, apparemment informé au préalable que « tout était permis » dans cette discussion. Serait-ce une manœuvre de Musk pour garder la maîtrise de son image ou un moyen d’éviter de s’enliser dans des débats qui pourraient nuire à ses affaires ?
Pourtant, l’homme d’affaires ne s’est pas totalement dérobé face aux sujets brûlants. Il s’est exprimé sur la « Department of Government Efficiency » (DOGE), un organe dédié à la réduction des dépenses publiques, souvent pointé du doigt pour les coupes perçues comme excessives dans l’administration fédérale. Est-ce le signe que Musk commence à prendre au sérieux l’impact politique de ses engagements ? « DOGE devient le bouc émissaire de tout, » a-t-il regretté, se montrant exaspéré par la stigmatisation systématique de cet organisme.
Dans la tempête médiatique, Musk marche sur un fil entre influence politique et ambitions industrielles.
Cependant, l’interview a mis en lumière le malaise du milliardaire face à sa proximité avec l’administration Trump. Coincé, dit-il, entre la volonté de ne pas critiquer ouvertement le gouvernement et le refus de porter la responsabilité de toutes ses décisions, Musk reconnaît être « dans une impasse ». L’homme, dont les entreprises fluctuent entre éloges et polémiques (protestations récentes contre Tesla, gestion du réseau X, percées de Neuralink), semble s’interroger lui-même sur la cohérence de son omniprésence.
Depuis cette entrevue, le contexte a évolué : le neuvième vol d’essai de la fusée Starship s’est soldé par une perte de contrôle lors de la rentrée atmosphérique, tandis que les rumeurs d’un retrait progressif de Musk de ses fonctions gouvernementales se multiplient. Peut-on croire à un réel éloignement politique, ou s’agit-il d’une nouvelle posture stratégique ? L’intéressé affirme vouloir se concentrer sur ses sociétés, laissant DOGE en mode pilote automatique avec une implication minimale.
Il n’en demeure pas moins que la moindre de ses déclarations continue d’alimenter les cycles médiatiques : ainsi, sa critique d’un projet de budget appuyé par Trump a aussitôt fait la une avant que Musk ne confirme la fin de son rôle officiel auprès du gouvernement — du moins en apparence, puisque Trump lui-même assure le contraire. Jusqu’où l’homme d’affaires compte-t-il entretenir ce jeu d’aller-retour et quelle est sa véritable stratégie derrière ces prises de position en demi-teinte ?
Dans un tel contexte, une question s’impose : Elon Musk, acteur industriel et politique, est-il réellement prêt à renoncer à cette double casquette ou manœuvre-t-il savamment pour rester, à sa façon, incontournable dans les deux mondes ?
Source : Techcrunch